Posté à 5h00
                Alice Girard-Bossé La Presse             

Julie Gatis a été testée positive au COVID-19 le 14 juillet. Le virus ne l’a pas épargnée : fièvre, douleurs faciales, perte d’appétit. “Tout à la fois”, dit-il. Atteint d’une maladie auto-immune, il s’est empressé d’aller chercher le médicament Paxlovid à la pharmacie le lendemain. PHOTO AVEC L’AUTORISATION DE JULIE GATIS Julie Gatis, qui souffrait d’une maladie auto-immune, a été testée positive au COVID-19 le 14 juillet. Deux jours plus tard, le quadragénaire constatait déjà une amélioration. “La fatigue, la fièvre et les courbatures étaient toujours là, mais elles étaient moins douloureuses”, dit-elle. Mme Gatis fait partie des 9 196 Québécois qui ont reçu une ordonnance pour le médicament Paxlovid entre le 17 mars et le 10 juillet, selon les données de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) obtenues par La Presse. Selon les premiers essais cliniques, l’administration de Paxlovid, de Pfizer, réduit le risque d’hospitalisation et de décès de 89 % chez les personnes vulnérables aux complications. Le traitement consiste en une combinaison de trois pilules prises deux fois par jour pendant cinq jours. Il doit être débuté dans les cinq jours suivant l’apparition des symptômes de la COVID-19, précise Julie Racicot, présidente de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec. En conférence de presse jeudi, le directeur national de la santé publique, le Dr. Luc Boileau, a invité les bénéficiaires à recevoir les médicaments. Allez à la pharmacie. Les pharmaciens vous aideront et vous prescriront [le Paxlovid]. Dr. Luc Boileau, directeur national de santé publique Le médicament est proposé aux personnes souffrant d’immunosuppression sévère. Les personnes qui ne sont pas suffisamment vaccinées et qui ont 60 ans ou plus ou qui ont au moins une maladie qui les expose à un risque de complications sont également éligibles.

“Amélioration rapide des symptômes”

Lorsque le traitement est administré tôt, les patients peuvent constater «une amélioration rapide de leurs symptômes», explique Mme Racicot. PHOTO DU SITE INTERNET DE L’ASSOCIATION DES PHARMACIENS DES ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ DU QUÉBEC Julie Racicot, présidente de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec Pierre Filiatrault peut le confirmer. Le résident de Saint-Sauveur a contracté la COVID-19 fin avril. “Je toussais beaucoup, j’avais mal à la gorge, je n’avais pas d’énergie et j’étais léthargique. J’allais très mal”, se souvient celui qui avait reçu les quatre doses du vaccin contre le COVID-19. Il y a cinq ans, l’enfant de sept jours a été intubé pendant 10 jours pour des problèmes pulmonaires. Il est impossible de revivre la même expérience avec le COVID-19. Lorsque j’ai été testé positif au test rapide, j’ai immédiatement appelé la pharmacie pour le faire [le Paxlovid]. Pierre Filiatrault L’effet a été presque immédiat. “C’était très efficace. En deux jours, j’étais beaucoup mieux. Je toussais moins, j’avais moins mal à la gorge », dit-il. Au bout de cinq jours, il n’avait plus aucun symptôme. “J’étais vraiment heureux”, s’exclame-t-il. Mme Racicot indique que le traitement “est généralement bien toléré” par les patients, bien que certains effets secondaires tels qu’une altération du goût ou des troubles digestifs puissent survenir.

Interactions à éviter

Fait important à noter : des dizaines de médicaments interagissent avec Paxlovid, ce qui peut entraîner des effets secondaires graves, indique Bertrand Bolduc, président de l’Ordre des pharmaciens du Québec. « Même si le patient s’y qualifie, le pharmacien devra revoir tout le dossier du patient et sa médication pour évaluer s’il peut recevoir le traitement », ajoute Mme Racicot. Cependant, d’autres options sont disponibles pour les patients qui ne peuvent pas prendre Paxlovid en raison d’interactions médicamenteuses. C’est notamment le cas du remdesivir ou du sotrovimab, deux médicaments qui doivent être administrés par voie intraveineuse. Comme Paxlovid, le remdesivir empêche le virus de se multiplier dans l’organisme, explique le pharmacien. S’il est administré dans les sept jours suivant l’apparition des symptômes, il peut aider à combattre l’infection et réduire le risque d’hospitalisation. Le sotrovimab est quant à lui un anticorps monoclonal. Il empêche le virus de pénétrer dans les cellules saines du corps et de les infecter. Il peut ainsi contribuer à réduire le risque de développer une forme grave d’infection nécessitant une hospitalisation. “Le pharmacien est celui qui peut référer le patient à l’hôpital pour recevoir ces traitements injectables”, précise Mme Racicot. Les personnes immunodéprimées qui n’ont pas la COVID-19 peuvent cependant bénéficier gratuitement d’un médicament récemment approuvé au Canada : Evusheld. «Ce sont des anticorps monoclonaux, qui sont donnés pour prévenir l’infection. Il se donne en deux injections », explique M. Bolduc. Jusqu’à présent, 1 204 Québécois en ont profité, selon les données de la RAMQ. Toutefois, le gouvernement du Québec rappelle que ce traitement ne remplace pas la vaccination, mais peut apporter une protection supplémentaire, notamment pour les personnes immunosupprimées sévèrement.