La charge ne doit rien à la chance. A trois jours du premier tour, Emmanuel Macron se retrouve nez à nez avec la candidate du RN pour tenter de lui faire des affaires. Dans un entretien au Parisien, le candidat à la présidentielle, qui voit son avance s’effondrer et Marin Le Pen se rapprocher des urnes, s’attaque désormais au fond de l’agenda de son adversaire. Plus précisément sur la question du pouvoir d’achat, qui a permis au candidat nationaliste de se laisser emporter par une certaine dynamique pendant quelques semaines. Lire aussi Présidentielle 2022 : Emanuel Macron sonne la mobilisation contre les extrêmes “Marine Le Pen a un faux programme social, parce qu’elle ne le finance pas”, commence-t-il, collant à Emanuel Macron contre une Française qui pointe du doigt la prétendante du RN en faveur des classes populaires, dont une partie s’apprête à voter pour elle . Selon le candidat élyséen qui veut mettre en garde ces électeurs modérés, son rival « fait courir un plus grand risque aux petits épargnants et aux petites retraites ». Et d’ajouter d’un ton caustique : “Quand il dit : ‘je vais augmenter les retraites et coucher les bonnes gens’, ce n’est pas vrai. “Il ment aux gens parce qu’il ne le fera pas.” Alors qu’Emanuel Macron a longtemps voulu rester au-dessus de la bataille électorale à un poste de premier plan, il poursuit un tournant qui a eu lieu lors de son déplacement à Dijon (Côte d’Or) fin mars, battant ses adversaires.

Lepen “nous mettrait dans le rouge”

Pour Emanuel Macron, le programme de l’ancien patron du RN “nous mettrait dans le rouge”. Malgré le changement de ton, celui qui a affronté Marin Le Pen il y a cinq ans doit être associé cette fois à un autre candidat qui n’était pas sur la ligne de départ : le leader de Reconquête !. “La discussion a complètement gâché le discours de Marine Le Pen parce qu’elle avait un formidable directeur de campagne encore plus indigne qu’elle : M. Zemour”, a-t-il déclaré. Marin Le Pen, ayant développé une stratégie de “dénigrement” voire de “normalisation” depuis plusieurs mois, le président de la République considère que “comme les pires horreurs se disent depuis six mois, on s’est dit Marin Le Pen, “Un façon de mieux relier les deux représentants nationalistes, comme il l’a fait à Fouras (Charente-Maritime) en fin de semaine dernière, les qualifiant de “tandem”. Lire aussi Emanuel Macron veut créer un mouvement central s’il est réélu Avant d’utiliser un argument que ses partisans avaient déjà commencé à développer il y a quelques jours. “Ses fondements fondamentaux n’ont pas changé : c’est un programme raciste, qui vise à diviser la société et qui est très brutal”, a-t-il dit, se faisant passer pour un bastion et un rassembleur contre les extrémistes. Si Emanuel Macron avait réussi à mettre Marin Le Pen en difficulté lors du débat du second tour en 2017, mettant en cause sa crédibilité en matière financière, il sait que le combat sera bien plus difficile : « Il y a une stratégie très claire de simulation ce qu’il y a de brutal dans ce programme”. Lire aussi A Dijon, Macron entre en campagne présidentielle Autre point de discorde entre les deux demandeurs, les retraites : le président de la République veut relever progressivement l’âge légal de la retraite à 65 ans, quand Marin Le Pen dénonce cette réforme. Une différence qui permet à Emanuel Macron de creuser un fossé entre les deux œuvres. “Je n’ai jamais pris les Français et les Français pour des idiots. Je n’ai jamais menti. Honnêtement, pour être élu, il vaut mieux dire qu’il ne veut pas reporter sa retraite jusqu’à ses 65 ans. “Mieux vaut donner du sucre que du sel”, estime le candidat, qui se targue d’avoir un programme “beaucoup plus social que celui de Madame Le Pen”. Alors que nombre de ses adversaires ont vivement critiqué son refus de parler à tous les prétendants avant le 10 avril, le candidat à la présidentielle ne s’en écarte pas : « Le premier tour n’est pas un affrontement. Ce sont des candidats qui présentent leurs travaux. Puis, après, c’est la discussion et, là, le combat s’ensuit”. Une tactique risquée pour Emanuel Macron, qui semble surpris d’un opposant nationaliste qui n’est plus le même qu’en 2017 et pour qui les sondages président à un score au second tour d’environ 47-48%.