Marin Le Pen avait choisi le décor pompeux des Salons Hoche à Paris, mercredi 13 avril, pour donner une conférence de presse sur la politique internationale sur les ondes d’une conférence des ambassadeurs. La scène prend aussitôt le dessus : la candidate à la présidentielle est seule, assise sur une haute estrade, à peine, le visage à demi caché par une forêt de micros. Il semble étrangement loin, à une quinzaine de mètres des premiers rangs d’environ 160 journalistes accrédités, pour la plupart issus de médias étrangers. Cette atmosphère glaciale était destinée à planter son formalisme et sa stature présidentielle pour exprimer, dans un discours d’une heure, sa vision de la diplomatie. Mais ce tableau s’est heurté à l’autre image marquante du jour, apparue vers 16 heures : l’infiltration musclée d’un militant écologiste, qui a été cloué au sol puis traîné à la main jusqu’à la sortie par un homme portant des écouteurs. “Poursuivons notre conférence”, a poursuivi Marin Le Pen. Elle a ensuite répondu à BFM-TV, gênée : “Ce sont les officiers de M. Darmanin. [le ministre de l’intérieur]. Vous devez contacter Mr Darmanin, je n’ai rien à voir là-dedans. En fait, l’homme était bien un membre historique de son service de sécurité. Comment voulez-vous être président de la République qui dit qu’il protège les Français si, dès qu’il y a un problème, il dit : “C’est la police”, alors qu’en fait ce n’est pas elle ? “Abondamment accusé Gérald Darmanin d’avoir gardé le silence sur Jordan Bardella ce soir sur BFM-TV.

L’Ukraine n’a pas été mentionnée une seule fois

Les personnes présentes dans la salle ont vu la femme évacuée, Pauline Rapilly-Ferniot, écologiste sélectionnée par Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), tenant une pancarte en forme de cœur montrant une photographie de Marine Le Pen avec Vladimir Poutine. Objectif : dénoncer la « complaisance » du candidat envers le dirigeant russe. Lire aussi : Article pour nos abonnés “La diplomatie prônée par Marin Lepen correspond à ce que veut la Russie de Poutine”
“Elle a utilisé la figure de Poutine pour se donner une stature internationale, alors que c’est un criminel de guerre de Grozny, Alep”, a expliqué Hugo, un autre militant du collectif. Aujourd’hui, elle ment pour se faire élire, mais le lendemain de son élection, elle s’alliera à Poutine et le peu de solidarité européenne qu’elle a gagnée disparaîtra du jour au lendemain. » Marine Le Pen, candidate à l’élection présidentielle de 2022, donne une conférence de presse aux Salons Hoche, à Paris, le 13 avril 2022. JEAN-CLOND KOUTAS POUR “LE MONDE”
C’était le point noir de Marin Le Pen. Déjà en position difficile pour ses relations avec Moscou, il n’a fait référence qu’à la Russie pour faire l’éloge du “dialogue bilatéral” et n’a pas mentionné une seule fois l’Ukraine. “Une fois la guerre russo-ukrainienne terminée”, a-t-il répété, il appellerait à “un rapprochement stratégique entre l’OTAN et la Russie” – mais n’a pas émis de réserves sur d’éventuels crimes de guerre à Marioupol ou Butsa. Interrogée sur son prêt russe de 9 millions d’euros, la candidate du Palais des Champs-Elysées a expliqué qu’elle le remboursait. Il a ensuite rediffusé sur BFM-TV à propos d’un éventuel conflit d’intérêts : “En quoi c’est un lien spécial ? Quelle obligation ai-je autre que de le retourner ? » Il ne vous reste plus qu’à lire 62,51% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.