L’actualité du jour. Et soudain, la campagne électorale a commencé

Les dernières lueurs de la campagne officielle avant le premier tour, qui s’achève ce soir, sont des feux d’artifice. Suite aux propos d’Emanuel Macron, hier dans Le Parisien, qualifiant le programme de Marin Le Pen de “raciste” et de “grande barbarie”, le candidat du Rassemblement national (RN) s’en est pris à franceinfo. “Des propos scandaleux et agressifs”, a-t-elle déploré, affirmant que rien dans son émission “n’est discriminatoire envers les Français” – même si elle a proposé hier d’infliger une amende pour usage du voile en public. En revanche, la candidate RN a souligné sa volonté de “discrimination” entre Français et étrangers, “la seule morale, légale et acceptable”, selon elle. Ou la “préférence nationale” qu’elle prône depuis longtemps, prévoyant de donner la priorité aux Français, notamment pour l’emploi et le logement social. Une manière de revenir, dans les dernières heures, à ses classiques – immigration et identité – après s’être posée pendant des semaines en candidate au pouvoir d’achat. Lire aussi : Cet article est destiné aux abonnés de Marine Le Pen, essentiellement d’extrême droite
Le chef de l’Etat a continué de défendre sa réforme des retraites et de porter l’âge légal de la retraite à 65 ans. “J’essaie d’être juste et efficace”, a-t-il déclaré vendredi à RTL, car “si on ne produit pas plus, on ne peut pas financer notre modèle social”. Sans cette réforme, « vous ne pouvez pas faire [les pensions] à 1.100 euros”, a-t-il ajouté. Et le moral est bon, a-t-il déclaré dans un savoureux « en même temps » : « Je n’ai jamais été trop confiant, ni excité. » Cela se déplace également vers la gauche. Christian Taubira est sorti de la réserve qui l’affectait depuis le retrait de sa candidature début mars, en annonçant qu’il voterait pour Jean-Luc Melanson au premier tour. Elle a ainsi levé un faux suspense, mais son annonce conforte au bon moment l’attitude du “vote effectif” adoptée par la candidate de La France insoumise. Lire aussi : L’article était réservé à nos abonnés La renaissance du candidat Mélenchon
Invité sur RMC et BFM-TV, il a aussi évité de vexer les sympathisants écologistes et socialistes qui pourraient l’aider à créer la surprise dimanche. Agressé à plusieurs reprises par Yannick Jadot et Anne Hidalgo, le candidat a refusé de leur répondre – même si, dit-il, “j’ai une langue qui me mord” – car l’heure est en avance. « Mobilisez-vous » plutôt que de « nous jeter des pierres ». Quant à Valérie Pécresse, après la rencontre d’hier à Lyon avec l’étrange allure des premiers adieux, elle n’a même pas voulu influencer le second tour, précisant, sur France Inter, qu’en cas de duel Le Pen-Macron, elle faire connaître sa préférence personnelle sans la définir comme une directive de vote. “Sage décision”, s’est réjouie la candidate RN, qui s’est félicitée d’un “changement de jurisprudence” à droite. Le jeu était ouvert, le jeu reste ouvert.

programme de la semaine

                  Aurel pour “Le Monde”  

Chaque vendredi, le dessinateur Aurel nous donne son avis sur la campagne présidentielle. Cette semaine, il revient sur le risque d’abstention au premier tour, notamment les jeunes. De fait, les prévisions ne sont pas rassurantes, selon une enquête menée par Ipsos-Sopra Steria en collaboration avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et la Fondation Jean-Jaurès pour Le Monde, et l’élection présidentielle mobilise moins qu’en 2017. Dans notre panel d’un peu moins de 13 000 personnes, 80% se disent confiants ou quasi-certains de voter, soit cinq points de moins qu’il y a cinq ans. Pourtant, la précédente élection présidentielle avait déjà été marquée par une forte participation (22,2%). Lire aussi : Article pour nos abonnés Abstention à la présidentielle : vers le “syndrome de 2002” ?
Dans le détail, selon cette étude, ce sont surtout les salariés, les salariés, les jeunes et les moins qualifiés qui sont les plus susceptibles d’être acquis le 10 avril. Plus spécifiquement pour les tranches d’âge, 60% des 18-24 ans et 55% des 25-34 ans déclarent qu’ils iront certainement voter alors qu’ils ont 77% entre 60 et 69 ans et plus de 80% pour les 70 ans et plus de.

phrase du jour

“Si c’est dégueulasse, on change la loi”, a déclaré Fabien Roussel Sur France 2 vendredi matin, le candidat communiste a interpellé Emanuel Macron sur un contentieux autour de cabinets de conseil. Il s’en est notamment pris aux pratiques d’optimisation fiscale de l’américain McKinsey. “Le président dit que c’est dégoûtant, mais c’est la loi. “Eh bien, si c’est dégoûtant, nous changeons la loi.” Le 23 mars, sur M6, le chef de l’Etat s’était dit choqué par les pratiques fiscales de McKinsey, tout en précisant que le groupe “utilisait les règles applicables”. “L’administration fiscale va regarder. s’il a triché, il les paiera [ses impôts]. “S’il n’a pas triché, mais a utilisé des systèmes d’optimisation fiscale, il ne paiera pas et vous ne les chercherez pas, car c’est la loi”, a-t-il déclaré. À lire aussi : McKinsey et Macron : le vrai et le faux en polémique

Dans les archives du Monde : en avril 2002, 43 % d’indécis

                  “Le Monde” du 8 avril 2002.  

Le 8 avril 2002, Le Monde disait merci sur Internet. Grâce à ce tout nouvel outil, l’Institut Novatris a pu enquêter sur les intentions de vote de quelque 5 000 électeurs inscrits. Notre journaliste Gérard Courtois consacre un article à la grande partie de ceux (43%) qui sont encore indécis, avant le premier tour prévu le 21 avril. Selon l’enquête, les indécis sont souvent indécis, plutôt jeunes, par la classe ouvrière et vivent en ville. Surtout, son hésitation découle en grande partie de son scepticisme vis-à-vis de la politique. Beaucoup disent “n’avoir plus confiance” et se plaignent de “promesses vides, promesses non tenues”. Les indécis sont aussi rejetés par “l’impression qu’il n’y a pas d’alternative au duel Chirac-Jospin”. Tous les cadres d’incertitude sont notés, y compris le “record de dispersion des applications”. Il est seize sur la ligne de départ. En bas de page, un petit graphique pédagogique nous apprend que les hésitations indécises surtout entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, certes, mais qu’ils pensent aussi un peu, Christiane Taubira – quelle partie de la gauche sera accusée d’avoir voix du premier ministre socialiste. Jean-Marie Le Pen est toujours caché dans le ventre mou, entre Corinne Lepage et Alain Madelin. Deux semaines plus tard, l’extrême droite abordera le second tour en fanfare.

En bref

Les Français de Shanghai ne pourront pas voter. Les expatriés vivant dans la plus grande ville de Chine ne pourront pas voter dimanche en raison de restrictions strictes, a confirmé vendredi l’ambassade de France. Shanghai fait face à la pire vague de Covid-19 en Chine depuis le début de la pandémie. L’ambassade a indiqué qu’elle n’avait pas pu obtenir de dérogation pour les électeurs français, malgré des “démarches répétées”, y compris “à un haut niveau”.

L’agenda du week-end

Section! La campagne officielle du premier tour se termine vendredi soir. De minuit jusqu’à l’annonce des résultats, dimanche à 20h00, les candidats ne pourront plus faire campagne, même sur les réseaux sociaux. Il est interdit aux instituts électoraux de diffuser des sondages et à la presse écrite et audiovisuelle de publier des entretiens avec des candidats ou leurs partisans. Action! L’électorat français vote dimanche. Les bureaux seront ouverts à partir de 8h. Des décrets peuvent être pris localement, notamment dans les grandes villes, pour accélérer l’heure de début ou retarder l’heure de fin des urnes (mais en aucun cas le vote ne sera possible après 20 heures). Ni le carnet de vaccination ni un test de dépistage Covid-19 négatif ne sont requis. Le port du masque n’est pas obligatoire, mais les autorités le recommandent aux personnes à risque, présentant des symptômes ou en contact. Toute diffusion de résultats partiels ou d’estimations est interdite jusqu’à 20 heures, heure de l’annonce officielle. En revanche, les modalités intermédiaires de participation seront annoncées par le ministère de l’Intérieur à midi et à 17 heures. Le Monde suivra la journée en direct de 7 heures du matin jusqu’à la fin de la nuit électorale. Comme d’habitude, vous y trouverez des informations, des analyses, des rapports de nos reporters de terrain et des réponses à vos questions. Le monde