« Coupable », a répété quatre fois le jury no 4 ce lundi au palais de justice Gouin de Montréal. Ces mots ont ainsi scellé le sort de Dominico Scarfo. Les yeux grands ouverts, il a pris une profonde inspiration, comme s’il voulait racheter ce verdict qui lui vaudrait automatiquement la réclusion à perpétuité, sans possibilité de libération avant 25 ans. Scarfo, 49 ans, a été accusé des meurtres au premier degré de Lorenzo Giordano et Rocco Sollecito, qui ont été tués en mars et mai 2016. Il a également été accusé d’avoir comploté pour assassiner les complices. Il a également été reconnu coupable des deux chefs d’accusation. L’accusation de Scarfo a été rendue possible par un meurtrier qui a transformé sa veste pour travailler avec la Sûreté du Québec. Devenu agent secret politique, il avait réussi à obtenir des témoignages incriminants de Scarfo. “Ces éléments sont les plus importants et ceux qui ont le plus d’impact, car ils proviennent de l’accusé lui-même”, a déclaré Me Marie-Christine Godbout, de la Couronne, en début de procès. Plusieurs bandes ont été présentées lors du procès, dont une montrant que Scarfo aurait été payé 17 500 dollars pour le meurtre de Giordano, qui a été chargé de cinq balles dans la tête et le cou. Scarfo a alors pris la fuite dans une voiture conduite par son complice. Sollecito connut plus tard le même sort, à midi à Laval, au volant de sa BMW blanche. “Il était plein de balles, il avait les yeux cassés, il n’y avait rien à faire”, a déclaré un témoin sur les lieux. Un autre passant a déclaré qu’”il est temps de réaliser ce qui se passait [le tireur] avait déjà fui. Selon la Couronne, les deux hommes ont été tués à cause d’une guerre entre les tribus mafieuses. Les meurtres auraient été ordonnés par Salvatore Scoppa, aujourd’hui décédé. L’affaire Scarfo reviendra devant le tribunal plus tard ce mois-ci pour que le juge Michel Pennou confirme la peine, mais aussi pour donner à la Couronne le temps de vérifier si les proches des victimes souhaitent saisir la justice pour s’expliquer sur les conséquences des crimes qu’ils ont eus sur eux.