La sœur et la mère de Narumi étaient venues du Japon pour affronter le “démon” chilien, à la recherche de réponses insupportables qu’elles n’avaient pas reçues. L’avocat de Nicolas Zepeda et Me Laffont, un moment qui a été saisi ce lundi lors des messages. Photo par ER / Ludovic LAUDE

L’affaire du déni

Le tribunal correctionnel du Doubs a choisi ses larmes. Cinq ans après la disparition de Narumi Kurosaki, et malgré l’absence du corps de l’étudiant martyr, Nicola Zeppa a été condamné mardi à 28 ans de prison dans une salle d’audience bondée. A l’annonce du verdict, le Chilien n’a pas levé un cil. Aucune réaction, aucune larme. Apathie absolue, dans un silence de cathédrale. Zeppa ne regarde pas ses parents, assis à sa droite, qui regardent aussi ailleurs. Devant la jetée, la mère de Narumi Kurosaki a pris le portrait de sa fille, qui la caresse avec une infinie tendresse. “La main de Nicolas Zepeda n’avait pas tremblé”, a déclaré Me Schwerdorffer lors d’un plaidoyer lorsqu’il a tué Narumi. L’avocat a encouragé les jurés “à ne pas avoir peur” même lorsqu’ils invoquent une vérité judiciaire sur le mystère de Narumi. Un faux mystère, en effet, a dénoncé l’accusation, créée artificiellement par Nicolas Zepeda pour cacher son crime au monde, à ses parents… Et peut-être à lui-même. C’est le cas du déni, qui est considéré par tous. Un verrou psychologique qui serait jusqu’ici insurmontable pour le Sud-Américain, incapable d’admettre son horrible geste.

Une vérité judiciaire, à défaut d’une vérité simple

Du point de vue de la justice, le mystère n’existe plus… Pas de vérité absolue, non, mais une vérité judiciaire. Il est certain que cette décision ne réconfortera pas les proches de Narumi, animés par un espoir aux allures de malédiction avant le procès : ramener la dépouille de leur fille, leur sœur, pour des funérailles au Japon. Selon la croyance japonaise, le piège dans lequel Narumi est emprisonné vivra pour toujours. Nicolas Zepeda, explique Me Galley, “a condamné l’âme de Narumi à errer dans le noir” car il ne révèle pas où repose son corps, ni ce qu’il en reste. Ce Zepeda est-il gouverné par une profonde “recherche de contrôle” des autres et de lui-même, selon les psys, tirant encore un plaisir malsain de garder “dans les secrets de son âme” le véritable destin de Narumi ? “Lui seul sait”, acquiesce le procureur général, “c’est sa seule victoire et c’est monstrueux. »

Défendre le « moindre doute » ne suffisait pas

Réclamant la perpétuité, Etienne Mando avait prévenu : il ne trouve « aucune circonstance atténuante » à Nicolas Zepenta, « menteur », « manipulateur », « recel ». Selon le procureur général, le Sud-Américain avait prévu son passage à l’acte criminel, “un plan B” dans son esprit tourmenté, au cas où son ex-petite amie refuserait de revenir vers lui. Une prédisposition que les avocats de Zepedas combattirent violemment. Plutôt discrets dans un procès crucifixion, Me Laffont et Me Benedetti ont discrètement tenté de secouer « un infime point de doute » sous le nez du jury pour révéler d’éventuelles « failles » dans une accusation « présentée comme implacable ». pouvait facilement se retourner contre Zepenta, par effet miroir, puisqu’il fallait entretenir une innocence à laquelle personne ne croyait vraiment vraiment.

Refus jusqu’à la dernière minute du procès

“J’ai essayé de défendre Nicolas Zepeda envers et contre tout, contre les accusations, contre lui-même et parfois contre moi-même”, avait demandé Me Laffont sur un câble, se disant “impressionné” par la “résistance” de son client, à genoux. mais n’a jamais rompu avec les accusations. Y compris encore ce mardi matin, lorsque, invité à conclure les discussions, Nicolas Zepeda s’est exprimé pour la première fois en français. “Je ne suis pas le tueur de Narumi”, a-t-il déclaré dans un appel, essayant de sauver sa peau. Son avocat avait d’ailleurs tenu ces mots forts à propos d’un “Nikola qui vient d’une autre planète” pour paraphraser le psychologue entendu du tribunal correctionnel : “La solitude de Nicolas Zependa est énorme, elle fait peur. S’il est coupable, il ne le dit à personne. S’il est innocent, tout l’accuse et il est le seul à le savoir.” Le tribunal correctionnel a choisi la solitude du coupable. Ignorant ses larmes.

Le sombre mystère de la chambre 106 demeure

Cela reste une question embarrassante, éternelle et vaine : que s’est-il passé dans la chambre 106 de la résidence universitaire Théodore-Rousseau dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016 ? Narumi Kurosaki, une mort sans image, mais pas sans son. “Cris d’horreur”, “terreur”, bruits noyés d’un corps qui heurte le mur, après ce “sonnerie” d’agonie, entendu par les voisins de l’élève… Un son, après un silence cauchemardesque. Tournant le dos à la famille Kourosaki et à cette mère qui a gardé le portrait de sa fille disparue sur sa poitrine tout au long du procès, Nikola Zeppenta retourne en prison avec ses réponses. Ses secrets. Face à ce verdict défavorable, le jeu de l’échec n’est cependant pas terminé pour la défense, qui a la possibilité de faire appel de cette décision. Cette option mettrait le Chilien sur la route pour un second test, qui se tiendra en 2023 ou 2024. Sur ce chemin, qui sait, peut-être encore changer de version ? Vidéo grand format. Tout savoir sur l’affaire Narumi