Dans les petits sacs en papier que les clients emportent avec eux, des médicaments souvent courants, comme l’aspirine, le paracétamol, suffisent à remplir une trousse de secours avant de partir en vacances. “Les gens viennent faire le plein avant de partir, sourit Anne-Lise. Ils achètent des pansements, du Doliprane®, de l’aspirine, de la Biafine®, des crèmes solaires…” Des promos du moment, a priori banales et sans risque, qui mériteraient pourtant un peu d’attention dans le temps chaud. Car ces derniers peuvent les altérer et les rendre inefficaces, voire carrément dangereux. Dans des conditions de température élevée, les médicaments liquides, les suppositoires et les crèmes peuvent changer d’apparence, indiquant éventuellement une modification des propriétés du médicament, et la suspension ou l’émulsion peut se séparer. Exposés à de fortes chaleurs et de manière répétée, les gélules, poudres et comprimés peuvent, le cas échéant, également se dégrader. “Les comprimés et solutions buvables sont théoriquement capables de supporter une exposition brève à une forte chaleur, comme l’indique un pharmacien hospitalier interrogé par franceinfo. Mais ils ne sont pas du tout censés être exposés à la chaleur d’une voiture en stationnement en plein soleil un après-midi.”
“Avant d’obtenir leur autorisation de mise sur le marché, les laboratoires pharmaceutiques devaient réaliser des études de stabilité des médicaments pour des températures de 30°C à 40°C. Mais rarement au-delà.” Pharmacien hospitalier chez franceinfo Avec, de surcroît, une réelle incertitude quant à leur efficacité dans ces conditions extrêmes. Elle est peut-être acceptable pour l’aspirine des céphalées légères, moins lorsque la survie du patient dépend du traitement de la… C’est sans compter que certains médicaments aggravent les chaleurs et sont déconseillés même en cas de fortes chaleurs car ils “peuvent aggraver un syndrome d’épuisement-déshydratation ou un coup de chaleur”, comme le souligne l’Assurance maladie dans un dossier consacré au sujet sur son site internet. De nombreux facteurs de risque individuels tels que l’âge extrême (nourrissons, personnes âgées), les pathologies chroniques, etc. ils peuvent modifier l’adaptation de notre organisme. “Pour s’adapter à la chaleur, on transpire, mais de cette façon on se déshydrate”, explique le pharmacien. En provoquant une forte excrétion d’eau par les reins ou une transpiration importante, certains médicaments comme les diurétiques peuvent provoquer une déshydratation. C’est également le cas des anti-inflammatoires non stéroïdiens, des inhibiteurs de l’ECA ou des médicaments utilisés en psychiatrie, comme les neuroleptiques, qui peuvent perturber l’adaptation de l’organisme à ces températures élevées et entraîner une augmentation de la température. Ou encore les médicaments dits “à marge thérapeutique étroite”, c’est-à-dire ceux dont le dosage est particulièrement précis pour qu’ils soient efficaces et ne provoquent pas d’effets secondaires. « Avec la chaleur, poursuit le médecin, une déshydratation importante va entraîner une augmentation de la concentration de ces médicaments et provoquer des effets indésirables sur le patient. manque d’hydratation adéquate, peut entraîner un dysfonctionnement rénal et accélérer le processus de déshydratation. Des maux d’été, des coups de soleil, des coups de soleil. Et parmi ses drames, le coup de chaleur, qui peut être mortel. Elle survient lorsque le corps ne peut plus contrôler sa température. Ce dernier augmente, provoquant de fortes fièvres et des pertes de connaissance. La victime vomit, a des nausées, souffre de maux de tête, de délire et même de convulsions. Il s’agit d’une urgence grave qui doit être traitée rapidement : appelez les secours. Oubliez l’aspirine et le paracétamol, conseille l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) : le paracétamol est inefficace en cas de coup de chaleur et l’aspirine peut perturber la thermorégulation de l’organisme. De plus, qui dit chaleur, dit souvent… soleil. Et c’est aussi un mauvais partenaire pour certains médicaments qui contiennent une spécificité photosensibilisante. “Le risque de photosensibilisation est réel pour certains médicaments, qui provoquent alors, lorsque la personne s’expose au soleil, des allergies ou des taches sur la peau, qui peuvent être irréversibles.” Pharmacien hospitalier chez franceinfo Ce risque est signalé dans la notice par un petit pictogramme dans un triangle rouge contenant un soleil et un petit nuage. “Sous l’influence du soleil, poursuit le pharmacien, ces médicaments peuvent provoquer, dans les minutes ou heures qui suivent l’exposition, des brûlures, des coups de soleil, avec ou sans vésicules, parfois localisés dans la zone d’application du médicament s’il s’agit d’un crème ou une pommade, ou sur les parties exposées au soleil, si le médicament a été pris par voie systémique, comme c’est le cas par exemple pour un antibiotique. Parmi eux (cette longue liste n’est pas exhaustive), pris par voie orale : les AINS, les anticonvulsivants, les diurétiques (sulfamide, triamtérène), les antidiabétiques oraux, notamment les sulfamides hypoglycémiants comme le glimépiride ou le glibenclamide. Ou encore l’isotrétinoïne, utilisée pour traiter l’acné, les antibiotiques comme le Ciflox®, le Tavanic®, l’Oflocet®, ainsi que les médicaments utilisés en neuropsychiatrie (Tofranil®, Tegretol®…). Parmi les médicaments photosensibilisants qui s’appliquent localement (dans la crème, donc, souvent), vous trouverez par exemple du kétoprofène (par exemple Ketum®), ou encore des pommades anti-allergiques ou anti-acné. Enfin, l’ANSM rappelle, dans tous les cas, qu’il ne faut jamais arrêter son traitement sans consulter au préalable un médecin ou un pharmacien, au risque de s’exposer à des complications, soit liées à l’arrêt brutal du médicament, soit liées au médicament lui-même. , puisqu’il n’est plus traité.