Posté à 19h41
Hugo Joncas La Presse
Les révélations de problèmes éthiques au Fonds se sont accumulées cette semaine, et son ancien responsable du gouvernement libéral Philippe Couillard croit avoir tout intérêt à montrer une jambe blanche. Lundi, La Presse révélait que les financiers de l’Autorité des marchés (AMF) avaient perquisitionné le Fonds à deux reprises en 2020. Ses enquêteurs se sont rendus principalement au bureau de Justin Méthot, alors vice-président des Placements privés, responsable des investissements dans les grandes entreprises, soupçonné de marketing confidentiel. information. Mardi et mercredi, Le Journal de Montréal révélait que la filiale Otéra Capital avait accordé 26 prêts mettant l’un de ses hauts dirigeants en situation de conflit d’intérêts. Le financement comprend un prêt de 20,5 millions $ au propriétaire d’un centre commercial à Terrebonne, une entreprise dont le premier vice-président et chef des investissements d’Otéra, Paul Chin, était actionnaire.
Une enquête confidentielle
Suite à une série de révélations du Journal de Montréal sur des manquements déontologiques chez Otéra à l’hiver 2019, la Caisse a commandé une enquête interne sur le cabinet d’avocats Osler. Après avoir parcouru 1,5 million de documents, l’investisseur institutionnel a décidé de ne pas publier le rapport de recherche. Au lieu de cela, la Caisse avait publié un résumé du document, qui ne disait rien sur les conflits d’intérêts de Paul Chin. Selon Le Journal de Montréal, il venait de lui ordonner de vendre ses actions à des sociétés immobilières clientes d’Otéra.
L’opposition exige des comptes
Ces nouvelles révélations ont fait décoller Carlos Leitão, patron de la Caisse en tant que ministre des Finances de 2014 à 2018. PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES DE PRESSE DU CANADA Carlos Leitão, ancien ministre des Finances et critique libéral de l’intégrité des finances publiques et des marchés publics “C’est très surprenant pour moi”, a-t-il déclaré à propos de l’enquête de janvier 2020 sur le bureau de l’ancien vice-président Justin Meto. Nous parlons de possibilités de négocier des informations confidentielles. C’est très inquiétant pour une organisation qui a la fiabilité et la réputation d’une Caisse de dépôt et placement. Mais on laissera l’AMF faire son travail. Carlos Leitão, ministre des Finances du Québec de 2014 à 2018 Carlos Leitão croit qu’il s’agit d’un argument supplémentaire qui permettra au Vérificateur général du Québec d’examiner plus en profondeur les pratiques du Fonds. Le 16 mars, la vérificatrice Guylaine Leclerc a demandé plus de pouvoirs à Québec pour effectuer des audits de performance de l’investisseur institutionnel. Il venait de déposer un rapport expliquant comment la Caisse devait améliorer ses contrôles, notamment pour détecter les fraudes et les conflits d’intérêts. “Cela lui permettrait de faire une analyse publique de ses activités”, a-t-il dit. Cependant, il a souligné que le Québec devrait trouver une façon d’éviter les dédoublements avec les vérificateurs externes qui rendent déjà compte des activités du Fonds. Carlos Leitão croit également que les Québécois devraient publier le rapport de recherche complet de 2019 sur les manquements à l’éthique dans Otéra. “Je dirais qu’il est même dans l’intérêt du Fonds de montrer ses lettres de noblesse”, a-t-il dit. Les autres partis d’opposition partagent ces propos. Si la Caisse n’a rien à cacher, publions le rapport ! S’il ne veut pas le faire, est-ce parce qu’il y a des choses là-dedans qu’il ne voudrait pas rendre publiques? Sylvain Gaudreault du Parti québécois, vice-président de la Commission de l’administration publique Le responsable des relations médias de la Caisse, Maxime Chagnon, a répondu que la publication du rapport violerait ses « obligations de protection des renseignements personnels ». Le résumé du rapport de recherche publié en 2019 ne nommait aucune des quatre personnes qui ont dû quitter la Caisse après les vérifications internes, dont le PDG d’Otéra Alfonso Graceffa. Dans Québec solidaire, la porte-parole de l’économie Ruba Ghazal veut que l’investisseur public rende des comptes aux députés. “J’ai demandé au Fonds de venir en commission parlementaire pour expliquer ce qu’il fait pour mettre fin à ces carences. » Le secrétaire au Trésor Eric Girard refuse de donner à l’auditeur plus de pouvoirs pour contrôler les pratiques du Fonds, sans expliquer pourquoi. « L’éthique et la conformité ne sont pas négociables », a écrit Fanny Beaudry-Campeau, secrétaire d’État, dans un courriel à La Presse. C’est à la Caisse de rassurer le Québec. »