Même si la participation cette année est inférieure à celle de 2017, l’une comme l’autre s’affiche dimanche après-midi comme les principales forces politiques du pays. Avec un score d’environ 28 % aux premières estimations, Emanuel Macron a gagné près de dix points par rapport à son score au premier tour il y a cinq ans (18,19 %). De son côté, Marin Lepen progresse également fortement avec un score avoisinant les 24% contre 16,14% en 2017.
Macron a un bilan à défendre, Lepen poursuit sa transformation
Mais à l’approche du duel du second tour, le plus gros changement est sans doute l’attitude d’Emmanuel Macron. En 2017, il avait l’image de l’ancien ministre de l’Economie qui avait tourné le dos au très impopulaire François Hollande et qui en un an avait réussi à financer sa campagne en récoltant près de 16 millions d’euros de dons. Aujourd’hui, l’ancien banquier Rothschild est avant tout le président sortant. De ce fait, il a un bilan à défendre et il sera sûrement attaqué à ce stade par son adversaire lors du débat entre les deux tours prévu le 20 avril. Ce quinquennat pourrait aussi créer une forme de vote “anti-Macron” au second tour, comme celui qui a été fatal à Nicolas Sarkozy en 2012. De son côté, Marin Le Pen a également poursuivi sa transformation. Après avoir exclu son père du parti en 2015, elle décide en 2018 de changer le nom du Front national en Rassemblement national. Le candidat d’extrême droite a également profité de la candidature d’Éric Zemmour pour mener une stratégie de “diabolisation”. Le guerrier, se plaçant dans une ligne encore plus droite, oppose régulièrement ses positions quant à l’accueil des réfugiés ukrainiens et se retire du candidat Reconquête ! être attaquée en matière d’identité, alors qu’elle-même parlait de pouvoir d’achat.
Macron adapte sa méthode, Lepen ajuste son programme
Fort de sa victoire à plus des deux tiers des voix (66,10 %) en 2017, le candidat à la présidentielle présente pour 2022 un projet qui reste fidèle à celui qui l’a élu. Cependant, il promet une “nouvelle méthode” de gouvernement qui se traduit par le slogan “avec vous” qu’il a promu tout au long de sa campagne. Mais même lorsqu’il dépassait les 30% d’intentions de vote dans les sondages au début de la guerre en Ukraine, Emanuel Macron ne cessait de rappeler que “rien n’est gagné”. Car côté idées, Marin Le Pen a retenu les leçons de son échec. L’abandon de l’euro et le retour au franc ont disparu de son programme et elle a revu sa copie de la retraite à 60 ans. La candidate RN soutient désormais une éventuelle retraite à 60 ans pour ceux qui ont 40 ans de cotisations. pour le reste, tout dépendra de l’âge auquel ils ont commencé à travailler. Sur l’immigration, il propose aussi un projet beaucoup plus avancé avec un texte de loi déjà rédigé qu’il compte soumettre à référendum s’il est élu.
Le débat entre les deux tours, un moment clé des élections ?
Sur le papier, Marin Le Pen a donc des atouts supplémentaires, mais la discussion entre les deux tours sera un rendez-vous important. En 2017, l’exercice a immédiatement viré à la polémique, empêchant une discussion sur le fond. “La gentillesse a cédé la place à la calomnie, le sourire étudié se mue en sourire, la bien-aimée du système et des élites a baissé le masque”, a-t-il attaqué. “Vous êtes l’héritier d’un nom, d’un parti politique, d’un système qui se nourrit de la colère des Français. Ce que vous portez, c’est l’esprit de défaite”, a répondu Emmanuel Macron. Face à une candidate agressive et brouillonne, qui confond parfois ses dossiers, celle qui devait devenir présidente de la République semblait la plus technique, opposée à ses solutions réalistes à la “poudre de Perlimpin” proposées par la candidate d’extrême droite. selon lui…
Ce débat avait sans doute empêché Marin Le Pen de convaincre des électeurs qui n’avaient pas voté pour elle au premier tour de se présenter avec elle. Il est passé de 7,6 à 10,6 millions de voix entre le premier et le second tour, tandis qu’Emmanuel Macron a profité de la “barrière républicaine” pour passer de 8,6 à 20,7 millions de voix. Tout le challenge des deux prochaines semaines sera là pour les deux finalistes : pouvoir se concentrer le plus largement possible.