Les deux finalistes de l’élection présidentielle de 2022 ont insisté sur le fait que le second tour serait “une nouvelle élection” pleine de promesses. Mais Marin Lepen ne s’attendait probablement pas à ce que le vent change si vite. Au bois de Vincennes, dans la nuit du dimanche 10 avril, la revanche avait un goût de déjà-vu : le candidat du Rassemblement national (RN) a prononcé un discours comme en 2017, sur la même tribune, avec la même référence au “peuple” répertorié dans son bureau. Mais il a été privé des atouts particuliers de la campagne 2022 sur lesquels il s’appuyait. Désormais en première ligne, sans l’écran représenté par Eric Zemour, face à Emanuel Macron les deux pieds dans l’arène, il a prononcé un discours plat, où l’envie d’en découdre semblait étourdie par les éléments de langage.
Prudent, le candidat du RN avait de quoi se réjouir. Avec 23,41 % des suffrages, il a remporté son propre score au premier tour 2017 (21,3 %) et a recueilli au moins 430 000 voix supplémentaires, malgré la concurrence impitoyable d’Eric Zemour. “Il a réalisé une ouverture sociologique importante”, insiste Jean-Philippe Tanguy, directeur de campagne adjoint. L’extrême droite nationaliste et au pouvoir pèse plus de 32,5% des suffrages, en tenant compte d’Eric Zemmour (7,05%) et de Nicolas Dupont-Aignan (2,07%). Mais Marin Lepen a également bénéficié du « vote utile » de ce camp dès le premier tour et n’enregistre pas de dynamique évidente pour le second.
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Dimanche soir, les cadres du RN cherchaient des signes de consolation. “Il y a trois mois, nous étions enterrés”, se souvient le conseiller régional Gilles Pennelle. “Argent difficile à trouver, signatures de dernière minute, Zemour et trahisons ; et j’en passe”, a déclaré Louis Alios, maire de Perpignan. La Marine a mené une campagne efficace adaptée au contexte. Le trou de souris est présent et fort. »
Tenez les deux extrémités
Cependant, ses qualifications sont correctes. Au fur et à mesure du comptage, l’écart se réduit avec Jean-Luc Mélenchon (21,95%). Déjà, le succès outre-mer du leader “révolutionnaire”, arrivé en tête en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe, était de mauvais augure pour Marin Le Pen. Son allocution dimanche après-midi a provoqué une douche froide sur RN. “Il ne faut pas donner une seule voix à Mme Le Pen”, a répété à quatre reprises Jean-Luc Melanson, traçant une frontière claire entre la nature de l’œuvre d’extrême droite et celle d’Emanuel Macron : “Tant que la vie continue, la lutte continue. » Il ne vous reste plus qu’à lire 66,28% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.