Bien que ce marchand de saucisses n’ait pas voté dans les urnes depuis quinze ans, il s’inquiète du « cadre » : le Covid-19, les « gilets jaunes », l’Ukraine, la Corse, mais pas que. “Il y a eu beaucoup de crises ces cinq dernières années, je ne peux pas dire si je voterais pour le président, mais à qui sommes-nous confrontés ? il se demande. Sous les bâches, trois femmes entament également leur couverture presse matinale. Une brune d’une cinquantaine d’années, qui ne veut pas être nommée, aurait jeté un bulletin “Yvan Colonna” dans l’urne. “Pourtant, depuis cinq ans, nous payons encore plus de factures”, soupire le commerçant. Laura, 55 ans, est navigatrice à Corsica Linea. “Je voterais pour Mélenchon si je songeais à devenir mon avocat”, dit-il. Il y a plus de touristes que d’électeurs sur le marché ce matin. Presila, votera “marine”, comme la couleur de son sweat. Un vote de confiance, alors que le quadragénaire était “moins fan du père”, Jean-Marie Le Pen. En 1992, des nationalistes ont empêché le fondateur du Front national de débarquer à Bastia et de se réunir à Ajaccio. En 2017, sa fille est sortie première du premier tour en Corse, avec 27,88 %, alors que le Rassemblement national ne compte pas un seul élu sur l’île. C’est pourquoi Louis et Pierre, la soixantaine, sont allés faire leurs devoirs ce matin. “J’ai voté pour bloquer certaines personnes”, assure le premier. “Moi, par conviction, j’ai voté pour un homme qui aime la campagne”, sourit le second. Tous deux seront devant leur télé ce soir à 20h. Sotiras, 67 ans, le 10 avril 2022, à Ajaccio, en Corse. A gauche, Pierre et Louis au marché. KAMIL ZIHNOGLIU POUR LE MONDE Au marché d’Ajaccio, en Corse. KAMIL ZIHNOGLIU POUR LE MONDE Paul Ortoli (Ajaccio, Correspondant)