POLITIQUE – C’est une énigme, un « dilemme » selon l’expression de nombre de nos lecteurs. Comme en 2002. Vingt ans après la flambée soudaine de l’extrême droite au second tour de l’élection présidentielle et l’éviction historique de Lionel Jospin, les électeurs de gauche sont confrontés à un choix difficile, à quelques heures du premier tour. de l’élection présidentielle, dimanche 10 avril. Pour qui voter quand les sondages placent Emanuel Macron et Marin Le Pen en tête des urnes, avec Jean-Luc Melanson troisième mais derrière ? Doit-on voter utile ? Après tout, qu’est-ce que le vote utile ? Nous avons demandé à nos lecteurs de nous écrire pour partager leurs impressions. Beaucoup l’ont fait et nous les en remercions. “La seule certitude que j’ai, c’est d’aller aux urnes.” Comme beaucoup, Yohan n’est toujours pas sûr de son vote du 10 avril. “J’essaie de me convaincre que je voterai pour Yannick Jadot, mais mon choix final se fera certainement dans le bureau de vote où je vais monopoliser un temps…”, prédit l’Ardéchois de 32 ans. Mon choix final se portera certainement dans le bureau de vote, que je vais monopoliser un temps… Yohan, 32 ans, électeur en Ardèche « Faut-il choisir l’homme ou le programme ? Tu as quatre heures…”, ironise Amélie, une pair, une enfant, qui s’interroge aussi. Il trouve Jean-Luc Mélenchon “plutôt antipathique, marginalement détesté parfois”, mais apprécie son programme d’écologie, qu’il trouve plus “pressé” que celui de Yannick Jadot. Ce vendredi 8 avril, à deux jours des élections, aucune décision n’a encore été prise entre les deux. Il trouve ces élections “très importantes”, mais “stressantes”. Même hésitation pour Chloé, 51 ans, qui a voté pour Olivier Besancenot à la présidentielle de 2002, mais l’élimination de Lionel Jospin “est resté à gauche”. Il hésite entre Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon. “Peut-être que ma décision ne sera prise que dans le bureau de vote. “Presque pile ou face”, souffle celui qui a voté pour Benoit Hamon en 2017 et qui a pour seule certitude, “que celui-ci aille voter” et que personne “ne soit utile”. J’aurai un revenu très confortable à la retraite, mais je sais que beaucoup de gens travaillent dur pour beaucoup. Un électeur qui va voter pour Jean-Luc Mélenchon Beaucoup nous ont fait part de leurs convictions environnementales, mais ils sont aussi nombreux à nous faire part de leur frustration face au candidat vert. “Je le trouve mou et, surtout, incapable d’avoir son parti derrière lui”, déplorait un électeur de Benoît Hamon et Lionel Jospin en 2017 pour Yannick Jadot. Ce sera donc Jean-Luc Mélenchon. “Je n’aime pas le personnage, mais il a une fête derrière lui et des gens que j’aime écouter comme Clémentine Otten, Adrien Quatenens ou François Rufen.” Avec son mari, cette femme de 55 ans est classée parmi les “CSP+” et prévoit “des revenus très confortables” lorsqu’ils prendront leur retraite dans cinq ans. “Mais je sais que beaucoup de gens travaillent dur pour pas grand-chose”, explique-t-il longuement, après avoir pris connaissance des programmes des uns et des autres. François Ruffin a souvent trouvé des arguments pour voter Mélenchon. Comme cet électeur de l’ouest de la France qui veut lui dire “merci du fond du cœur”, car “il me donne le goût de la politique avec ses actes et ses paroles”. C’est parce que l’ancien journaliste et député de la Somme argumente avec Mélenchon que cet électeur votera “utile” même s’il “ne valorise pas plus” le candidat rebelle, notamment dans ses “actions” et qu’il “reste un vétéran de la politique”, alors que en attendant le renouvellement. Je m’étais promis de ne plus voter pour Mélenchon après “La République, c’est moi !”, mais je veux éviter le duel catastrophique Macron-Le Pen. David, qui votera pour “Melenson par défaut”. Beaucoup nous ont fait part de leur choix pour Jean-Luc Mélenchon, comme un vote “utile”, mais sans conviction ni grand enthousiasme pour le personnage. “Je ne suis pas fan”, confie Martine, de La Manche. “Je ne le porte pas dans mon cœur, mais la perspective d’un second tour Macron-Le Pen me paraît mortelle”, nous confie Jacques. Même climat pour David qui s’était promis « de ne pas mettre un bulletin Melanson dans l’urne après « La démocratie c’est moi ! », mais s’est ravisé pour « éviter le duel catastrophique Macron-Le Pen ». Quant à Adrienne, issue du “centre-gauche” qui travaille en Belgique, il votera pour les Insumis même s’il “n’est pas d’accord avec toutes ses idées”. Cet enseignant et pigiste apprécie son programme “pour les institutions démocratiques, la fiscalité et l’écologie”. Un électeur du NPA qui a voté pour Putu et Besancot lors de la dernière législature a expliqué que “pour la première fois j’ai décidé d’avoir un vote ‘stratégique’. Oui, Mélenchon traîne des casseroles (“La République c’est moi”), mais je ne supporte plus le débat politique mainstream actuel, qui ne répond pas aux enjeux et aux problèmes de ma génération et de ma génération. fille”. regrette celle qui pour la première fois va “manquer à (ses) croyances”. Quand l’extrême gauche et l’extrême droite se rejoignent, ça fait peur. Je voterai pour Macron aux deux tours. Un “enthousiaste politique” avec une sensibilité écologiste Un électeur “écologiquement sensible” qui souhaite rester anonyme votera “Macron aux deux tours” pour éviter “le chaos de Le Pen et Melanson”. “Quand l’extrême gauche et l’extrême droite se rejoignent, ça fait peur”, a-t-il déclaré. Il se dit “désespéré pour l’écologie politique et l’EELV”, notamment à cause du “wokisme de Sandrine Russo”. Il est en colère contre le personnel politique parce qu’il a réussi à le « détourner de la politique ». Un électeur du RSA depuis 2013 qui souhaite rester anonyme s’apprête à voter pour Emmanuel Macron, malgré sa proposition de faire dépendre cette indemnité d’heures d’activité ou de formation. “Malheureusement, la gauche est très impliquée. “Il y a beaucoup plus d’egos que de visions, ils se battent pour eux, pas pour nous. Je suis bien placé pour le savoir.” A ses yeux, “aucun candidat de gauche ne peut s’unir” et “changer de président avec le dossier ukrainien n’est décidément pas une bonne idée”. Le bilan de Macron à gauche est meilleur que celui des Pays-Bas : PMA, reste à la charge 0, divise les rangs du CP, enfin les poussins grincent… Un élu local siégeant dans un groupe de gauche Vote propre de Macron, avec élimination pour un élu local non élu siégeant dans un groupe de gauche. Elle nous a fait part, sous couvert d’anonymat, de son désir de voter pour Emanuel Macron car il estime que “son bilan de gauche” est meilleur que celui de François Hollande. “La PMA pour tous, reste avec une charge à 0 pour les soins, le doublement des classes de CP, la fin de la mouture des poussins, le soutien nutritionnel de la CAF”, précise-t-il. “Anne Hidalgo est inexistante et je ne peux pas faire l’impasse sur les amitiés russes et sud-américaines de Jean-Luc Mélenchon, même pas pour le personnage.” Certains lecteurs qui nous assurent avoir hésité entre Ann Indalgo et Emanuel Macron s’apprêtent à voter pour le président sortant car un vote socialiste est “inutile” ou que le candidat est “trop parisien”. D’autres, en revanche, prônent un “vote de confiance” et ne veulent pas accorder trop d’importance aux sondages d’opinion. “Ayons le courage, allons aux urnes et faisons les choix qui nous guident”, supplie Isabelle C, 41 ans, qui votera pour Anne Hidalgo. “Je défends un vote de confiance”, a déclaré Guillaume, qui votera pour Yannick Jadot, “en espérant qu’il aura une bonne surprise et qu’il ne sera pas le seul à adopter cette stratégie malgré les sondages”. Je voterai pour Yannick Jadot en espérant avoir une bonne surprise et ne pas être le seul à adopter cette stratégie malgré les sondages. Guillaume, qui défend le “vote de confiance” Alain Kaufmann a 57 ans. Il nous dit qu’il “a tendance à voter ‘vert’ au premier tour des élections” et qu’au second “il a longtemps voté pour le PS”. Pendant de longues années, il est allé au vote blanc, “en raison de l’absence d’un candidat capable de représenter mes convictions (solidarité, réduction des inégalités)”. Il est très en colère contre Emanuel Macron, qu’il surnomme “Emmanuel Trump” à cause des violences policières contre les gilets jaunes ou du carnet de vaccination. Il votera “Pécresse au premier tour” car il estime qu’il est le seul à pouvoir gagner au second. “En revanche, je corrigerai mon vote aux élections législatives, afin de voter pour un député plus conforme à ma vision sociale”, explique-t-il. “Électeur de gauche : je voterai dans le mauvais sens”, a-t-il admis dans un e-mail. Alexis voulait aussi nous parler de son voyage aux urnes. “Ayant longtemps envisagé de faire un ‘vote utile’ pour Jean-Luc Mélenchon, il m’était impossible de le faire à cause de ses nombreux méfaits. Je cherchais donc un…