Posté à 11h51
                Alice Girard-Bossé La Presse             

Lors d’une conférence de presse dimanche matin, François* a dénoncé le “cauchemar” qu’il a vécu alors qu’il travaillait à la Villa mon domaine, une résidence privée pour personnes âgées de Lévis. “Nous avons beaucoup de mal. “Nous avons été menacés d’expulsion”, a-t-il déclaré. Leurs patrons leur rappelaient toujours leur pauvreté. “Ils nous ont appris à utiliser les toilettes. Ils nous considéraient comme des sous-hommes. » PHOTO DOMINIQUE GRAVEL, LA PRESSE François, préposé aux bénéficiaires Avant de recevoir son permis de travail officiel, l’homme, qui travaillait à temps plein, n’était payé que 100 $ toutes les deux semaines. Et ce pendant 10 mois. “Nous n’avions pas d’argent à envoyer à notre famille et nous n’avions pas d’assurance maladie si nous étions blessés”, a-t-il déclaré. Il est resté dans une maison avec de nombreux autres travailleurs migrants. J’ai pratiquement dormi dans un placard avec des lits superposés. Si nous voulions une chambre complète, nous devions payer 700 $ par mois. François, préposé aux bénéficiaires Il n’est pas seul. Une vingtaine de travailleurs à travers la province ont témoigné au centre des travailleurs migrants sur de nombreux problèmes courants en milieu de travail, dont notamment les salaires impayés, les congés de maladie refusés par l’employeur, les accidents de travail non déclarés, sans oublier les propos racistes et les menaces d’expulsion.

“J’étais très anxieux”

“Nous avons remarqué que ces situations se produisent de temps en temps. Ce ne sont pas des cas isolés. Si ça arrive si souvent, c’est que ça existe [un système] qui a rendu cela possible », a déclaré Raphaël Laflamme, organisateur communautaire au Centre pour travailleurs migrants. Depuis le début de la pandémie, plusieurs accompagnateurs ont été recrutés via le Programme des travailleurs temporaires à l’étranger (PTET). C’est le cas d’Audrey*, hôtesse de l’air dans la région de l’Outaouais. Arrivée chez elle, elle constate les conditions de travail misérables. “J’étais très anxieux”, a-t-il déclaré. Mais elle ne pouvait pas changer d’emploi, car elle avait reçu un permis de travail “fermé” qui la liait à un seul employeur. Après 10 mois de démarches et l’aide du centre des travailleurs migrants, elle a finalement pu obtenir un permis de travail ouvert, lui permettant de trouver un autre emploi. “Nous sommes venus donner un coup de main au gouvernement canadien qui a besoin de main-d’oeuvre et mérite de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires”, a-t-il déclaré. Les intéressés réclament la réforme du PTET et la suppression du permis de travail “fermé”. Ils déplorent également le processus administratif complexe de la Commission des normes, de l’égalité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST), qui décourage souvent les employés de poursuivre leurs griefs.

“Une forme de travail à temps partiel”

« Je n’ai jamais vu de situations qui violent ainsi les droits de la personne », a déclaré Louise Boivin, professeure à l’Université du Québec en Outaouais, qui complète actuellement une recherche sur le travail et l’action collective des travailleurs du secteur privé. Des cas de placement temporaire de travailleurs étrangers dans des résidences privées pour personnes âgées révèlent de graves violations des droits de l’homme assimilables à une forme de travail à temps partiel. » L’histoire de deux participants qu’elle a recrutés l’a complètement submergée. Ces travailleurs devaient être disponibles presque tout le temps et leur charge de travail était « au-delà des capacités d’une personne », a-t-il déclaré. “J’ai aussi vu des gens se blesser et être obligés d’aller travailler et les empêcher d’aller chez le médecin. » ” Et [François Legault] doutaient qu’il y ait eu un racisme systémique, en voici la preuve, a ajouté Ramatoulaye Diallo, trésorier au Conseil central de la Métropole de Montréal-CSN, ému. C’est un système qui a été établi au sein du gouvernement. » « La crise ukrainienne a suscité une vague de solidarité au Québec. Ne commettons pas l’erreur de voir cette solidarité limitée à un seul peuple ou à une seule crise. Notre humanité est en jeu. “Qu’ils soient blancs ou noirs, traitons-les de la même manière.” Le membre équestre Laurier-Dorion de Québec solidaire, Andrés Fontecilla, s’est dit “offensé” par les récits des travailleurs. “On a entendu des mots très durs, des gens non rémunérés, du racisme systémique. “Nous devons réformer le programme des intérimaires”, a-t-il déclaré en marge de la conférence de presse.

  • Les noms des employés ont été changés, afin de protéger leur identité.