Quelles sont les causes de ce nouvel échec ? Sont-ils liés à son programme, sa personnalité, son contexte ? Dans trois? On fait le point. Suivez notre direct dédié aux élections présidentielles, ce lundi 11 avril 2022

Jean-Luc Mélenchon n’a pas réussi à fédérer la gauche

Pour accéder au second tour, Jean-Luc Mélenchon avait rendu nécessaire l’union de la gauche. Il avait raison. “Convaincre tous les hésitants possibles de la gauche” était en effet “l’un des sans” une éventuelle certification, rappelle Adélaïde Zulfikarpasic, directrice du service opinion du BVA. Cependant, si certains de ces candidats hésitants se sont présentés à la dernière minute, d’autres non. Le communiste Fabien Roussel a ainsi conservé 2 % du total des voix. Autant de voix qui manquaient peut-être à Insoumis, avec qui le PCF s’était pourtant allié en 2017 et 2012. De son côté, Yannick Jadot a conservé 4,7% des voix. Mais “on sent qu’il y a eu une hésitation entre Jadot et Mélenchon”, a déclaré Adélaïde Zulfikarpasic, dont l’institut a commandé une enquête sur les motivations de Ouest-France pour le vote français. Seul le projet est tombé très régulièrement du côté du vote écologiste pour que Jean-Luc Mélenchon puisse prétendre au second tour. “Mais il a joué un peu”, note le chanteur.

Des positions parfois peu consensuelles

Mais alors pourquoi ces électeurs de gauche n’ont-ils pas finalement rejoint Insumi, alors que, dans les derniers jours de la campagne, ce dernier incarnait l’espoir de voir la gauche accéder au second tour ? Il y a d’abord ces nombreux choix en coulisses qui auraient pu être guidés par un réflexe pavlovien. “Beaucoup d’électeurs ont pris leur décision le même jour et, dans le bureau de vote, parfois il peut y avoir quelque chose comme : ‘Je veux rester fidèle à ma famille politique’”, raconte Adélaïde Zulfikarpasic. C’est probablement la raison pour laquelle les socialistes ou communistes historiques n’ont pas voté pour Jean-Luc Mélenchon. Il y a aussi des “lignes de partage infranchissables” entre la gauche, note Adélaïde Zulfikarpasic. Sur quels sujets, précisément ? L’Europe ou l’Otan, selon les listes des sondeurs, sont deux entités dans lesquelles les autres forces de gauche sont plus favorables qu’Insumi. Les précédents posts de Jean-Luc Mélenchon pour Vladimir Poutine pourraient également servir de faire-valoir. Et Jérémie Peltier, directeur d’études à la Fondation Jean-Jaurès, ajoute que “les questions liées à la laïcité, au communisme, à la religion” sont aussi un clivage entre la gauche, les positions de Jean-Luc Mélenchon pouvant parfois être jugées touchantes. loin du modèle démocratique traditionnel.

Image un peu abîmée

D’ailleurs, les quelques méfaits de l’ancien socialiste ont aussi joué contre lui. “En Jean-Luc Mélenchon, il y a une responsabilité qui, pour certains, n’a pas été totalement dissimulée”, note Adélaïde Zulfikarpasic. “Une partie de l’électorat de gauche n’a pas oublié : ‘La démocratie, c’est moi’”, avait-il déclaré à la police lors d’une enquête au siège de La France Insoumise (LFI) en octobre 2018, dans le cadre de deux enquêtes préliminaires du parquet de Paris. sur les comptes de la campagne présidentielle 2017 et sur les conditions d’emploi des députés LFI. En effet, selon le sondage réalisé par la BVA, seuls 19% de ses électeurs au premier tour ont déclaré avoir voté pour Jean-Luc Mélenchon en raison de sa personnalité, alors que ce chiffre est en moyenne rapporté par 28% des électeurs. “Ça suscite quand même une petite inquiétude dans la population, et notamment dans l’électorat de gauche”, conclut Jérémie Peltier.

Une gauche déjà très affaiblie

Mais tout cela aurait pu être de peu d’importance dans un autre contexte plus favorable. Car ce qui manquera aussi à Jean-Luc Mélenchon, c’est le bon terrain, où les idées de gauche seraient plus attractives que celles de droite. Car dans la France du début du XXIe siècle, “le centre de gravité de l’opinion publique est à droite”, affirmait le 5 avril le politologue Luc Rouban. Un état de fait qui a rendu le travail de Jean-Luc Mélenchon encore plus complexe et l’a contraint à réaliser un lean defaut.

Et l’abstention ?

Mais Jean-Luc Mélenchon n’a-t-il pas souffert de la forte abstention enregistrée dimanche ? Contrairement à ce qui a été dit à propos d’autres sondages, pas tant que ça. Car les jeunes, habituellement éloignés, ont cette fois voté autant que les adultes. “Et ils sont allés voter pour Mélenchon”, résume Adélaïde Zulfikarpasic. En conséquence, Insoumis a déjà largement utilisé le pool d’électeurs pour la première fois. Lire aussi : Présidentielle 2022. De quelles réserves de vote dispose Marin Lepen pour le second tour ? Et les classes populaires, qui étaient loin dimanche, ne sont-elles pas un réservoir d’électeurs potentiels pour Jean-Luc Mélenchon ? Oui, mais ils sont moins que cela pour Marin Le Pen. La classe ouvrière “vote beaucoup plus pour Marin Lepen que pour lui”, a-t-il déclaré à propos d’Adélaïde Zulfikarpasic. Et nul doute qu’à deux semaines du second tour, il a lui aussi apporté ces données à son équation. Présidentiel. Qu’a perdu Jean-Luc Mélenchon pour atteindre le second tour ?AGRANDIR