Retrouvez l’audience du jeudi 14 avril 2022 dans le procès des attentats du 13 novembre 2015. L’accusé de 32 ans a insisté sur son explication. Lorsqu’il est allé chercher des membres des commandos du 13 novembre en Hongrie et en Allemagne entre août et octobre 2015, il ne savait pas quelle était la tentative d’assassinat de Daech en Europe. Il n’aurait accepté que d’aider son frère Brahim, envoyé par l’organisation Etat islamique après son séjour en Syrie en février 2015. Salah Abdeslam, qui souhaitait également se rendre en Syrie, n’a rejoint les commandos que le 11 novembre, après le départ de Mohamed Abrini. Il serait alors chargé de conduire trois kamikazes au Stade de France puis d’aller se faire exploser dans un bar du 18e arrondissement d’où il finira par partir.

Pourquoi était-il seul ?

Autant dire que cette version ne convainc pas totalement les procureurs généraux et de nombreux avocats des partis bourgeois. L’avantage du choix quand on prend la parole, c’est qu’on peut adapter ses déclarations au déroulement de l’audience, ne cache pas Nicolas Braconnay, l’un des conseillers généraux. Camille Hennetier, un autre procureur général, rappelle au prévenu que sur l’ordinateur de la cellule terroriste retrouvée par les enquêteurs belges, il y a un dossier intitulé « 13 novembre » qui contient des sous-dossiers faisant référence à cinq commandos : ceux du Stade de France, des gradins, le Bataclan, mais aussi un groupe pour l’aéroport Schiphol d’Amsterdam et un groupe de métro. Mais aucun groupe ne propose de bar dans le 18e arrondissement. Au 18ème siècle vous êtes seul, tandis que les autres commandos agissent par trois. Cela semble incroyable…, note le juge. Je vous dis la vérité, je suis entré dans ce café… Frédérique Aline, la première évaluatrice du tribunal, a relevé une autre contradiction avec les propos de Salah Abdeslam, lors de sa première audience fin mars 2016. Une de ses rares déclarations durant l’enquête. Tu as dit alors qu’il fallait aller au Stade de France pour te faire exploser. Et que vous aviez renoncé. Vous avez également indiqué que vous avez pris le métro dans certaines stations, note-t-il. Ce transport souterrain pourrait alors correspondre au groupe de métro qui a imaginé le noyau terroriste.

Le meneur du jeu ?

Quand Salah Abdeslam dit-il enfin la vérité ? Devant un juge belge, je venais d’être arrêté et opéré de ma blessure à la jambe. Je n’ai pas voulu tout déballer. Si je lui disais que je devais aussi aller dans un bar, ça me rendrait plus coupable, raconte celui qui explique aujourd’hui qu’il n’est jamais allé dans le métro avec sa ceinture explosive, le 13 novembre, mais qu’il a pris le taxi après sa voiture. . est tombé en panne. Au moment des questions des avocats des partis politiques l’ambiance est un peu tendue. Me Seban, avocat politique, ne cache pas sa foi dans la dernière version. Si cette vérité ne vous convient pas, je m’en fous, répond l’accusé. Bref, vous voulez rester maître du jeu, l’avocat le renvoie.

Nouveaux bordereaux verbaux…

Aurélie Cerceau s’intéresse à ce que Salah Abdeslam a ressenti lorsque des photos du massacre du Bataclan ont été montrées il y a deux semaines. Le début de la réponse est sobre : j’ai ressenti de la compassion. C’est difficile de regarder et de croire que je suis en partie responsable, même si je n’ai tué personne directement. Ensuite la suite est plus maladroite : Les victimes en sont ressorties plus fortes, plus cultivées. Ils ont acquis des qualités grâce à ces procès… Dans la salle d’audience, une victime se met à applaudir et se lève de colère avant de partir. Salah Abdeslam continue. Il demande qu’on lui donne l’opportunité, un jour, de retrouver ma famille et les gens que j’aime. Un autre homme, blessé sur les terrasses, se met à crier : Jamais ! Jamais ! Il est 20h passé lorsque la question de Me Maktouf arrive : il est en colère contre Sonia, qui a permis de retrouver les traces d’Abdelhamid Abaaoud (le cerveau de Paris), son cousin et Chakib Akrouh (autres toits terroristes) qui ont été tués dans l’attentat sur leur planque à Saint-Denis le 18 novembre 2015. Oui, je le blâme car on ne sait pas si Abaaoud aurait perpétré un autre attentat. Mais nous savons qu’il les a tués ! Bouleversé dans la chambre. Au moins c’est clair, soupire le président. L’audition de l’accusé est à nouveau interrompue. Des questions subsistent des partis politiques puis des avocats de la défense. Ils recommenceront demain. Procès du 13 novembre. Ecouter Salah Abdeslam tourne mal, encore une foisAGRANDIR