La question de la réforme des retraites est un clivage clair entre les deux candidats à la présidentielle. Si les deux candidats partagent la volonté de réformer un système qui a atteint ses limites, les modalités pour y parvenir sont très différentes. Comparatif.

• Âge d’apparition

Les deux candidats sont diamétralement opposés sur cette question. Marin Le Pen prône le maintien de la retraite à 62 ans, comme c’est le cas aujourd’hui. Elle souhaite toutefois permettre aux Français entrés sur le marché du travail avant 20 ans de prendre leur retraite à 60 ans, s’ils ont cotisé au moins 40 annuités. Concrètement, un salarié entré dans la vie active de 17 à 20 ans pourra partir avec une retraite à taux plein dès 60 ans, s’il a cotisé 160 trimestres, soit 40 ans. Pour ceux qui ont commencé à travailler après l’âge de 20 ans et avant l’âge de 21,5 ans, l’âge légal de la retraite serait progressivement relevé. Ceux qui ont commencé à travailler à partir de 21,5 ans pourront partir à 62 ans. Selon l’équipe de campagne de Marin Le Pen, le coût de cette mesure lors de son entrée en vigueur en 2027 est de 9,6 milliards d’euros. Pour Emanuel Macron, il n’est plus possible de maintenir l’âge légal de la retraite à 62 ans. Sa réforme, du moins dans un premier temps, consiste à faire passer progressivement l’âge légal de la retraite de 62 à 65 ans. Il appartient au candidat En Marche de relever l’âge légal de la retraite de 4 mois par génération. En particulier, un salarié né en 1961 pourrait prendre sa retraite à l’âge de 62 ans et 4 mois en 2023 ou 2024. La génération née en 1969 prendra sa retraite à 65 ans. Cela signifie que la réforme sera pleinement mise en œuvre en 2030. Pourtant, face à l’accueil glacial de cette réforme, Emanuel Macron s’est dit lundi prêt à “déplacer” la réforme des retraites et “ouvrir la porte” à un report de l’âge de la retraite à 64 ans et non 65 ans. c’est trop de tension “et ça peut construire un consensus”. “65 ans, ce n’est pas un dogme”, a ajouté le candidat à la présidentielle, répondant à des questions lors d’une promenade, évoquant également une “clause de révision 2027”.

• Difficulté

Le candidat à la présidentielle réclame également un système qui continuera à offrir aux personnes qui ont commencé à travailler tôt (avant 20 ans) un “avantage” leur permettant de partir plus tôt, à 62 ans. Mais surtout, comme en 2019, il propose un dispositif « personnalisé » avec une analyse du travail acharné que chacun a réalisé au cours de sa carrière. Une évolution qui serait négociée avec les syndicats. Pour Marin Lepen, ceux qui ont commencé à travailler tôt sont souvent ceux qui occupent des emplois dits “difficiles”. Alors que sa réforme propose de commencer à 60 ans pour ceux qui ont commencé avant 20 ans, elle entend mettre fin au projet de loi sur la prévention professionnelle. Ceux qui ont un emploi “difficile” qui a commencé après 20 ans ne bénéficieront pas d’un démarrage plus précoce.

• Annulation de la remise

A ce stade, les deux candidats semblent d’accord. Il faudra toujours attendre 67 ans pour prendre une retraite complète si le salarié n’a pas cotisé suffisamment de trimestres.

• Réévaluation des pensions

Marin Le Pen propose d’ajuster la valeur des retraites en fonction de l’inflation, un système qui existe déjà mais qui souffre de nombreuses exceptions, juge le candidat qui souhaite intervenir dans cette revalorisation “au plus tôt”. Pour Emanuel Macron, il faut aussi continuer à s’appuyer sur ce système, mais le rendre plus réactif. Alors que cette revalorisation a généralement lieu une fois par an en janvier, le candidat propose, s’il est réélu, un coup de pouce en juillet pour tenir compte de la forte hausse des prix à cette période. A noter que ces augmentations concernent la pension de base et non les pensions auxiliaires dont les augmentations sont décidées par les partenaires sociaux.

• Seuil de retraite

Les deux candidats s’accordent sur ce point : la pension minimum devrait être augmentée pour une carrière complète avec de faibles revenus (minimum vieillesse). Ce minimum est désormais d’environ 906 euros nets par mois. Emmanuel Macron propose de porter ce minimum à 1100 euros par mois. Son adversaire vise 1 000 euros par mois et propose également de porter l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) à 1 000 euros contre 916,78 euros aujourd’hui.

• Régimes spéciaux

Emanuel Macron estime que ces régimes “ne correspondent plus à la réalité du pays” et souhaite donc les supprimer progressivement (sans préciser s’ils concernaient tous les régimes spéciaux). Le principe serait celui de la « clause grand-père » ou du maintien des avantages pour les salariés en place et de leur suppression pour les nouveaux entrants. Marin Lepen s’est opposé à la suppression de ces régimes spéciaux. Selon Marin Le Pen, le coût de sa réforme, lorsqu’elle entrera pleinement en vigueur en 2027, est de 9,6 milliards d’euros. Pour Emanuel Macron, le gain net du relèvement à 65 ans serait de 7,7 milliards d’euros par an à partir de 2027, soit 9 milliards d’euros moins le coût de 1,3 milliard d’euros du relèvement à 1 100 euros par mois à partir de l’âge minimum. Le bénéfice sera de 18 milliards d’euros d’ici 2032, année de l’entrée en vigueur pleine et entière de la réforme, selon le bilan de l’institut Montaigne en collaboration avec Les échos. Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business