Car depuis plusieurs mois, son métier est durement touché par la hausse constante du prix du gaz naturel. La guerre en Ukraine a encore aggravé une situation qui était déjà préoccupante avant même l’invasion des troupes russes. “Normalement, nous payons entre 15 et 30 euros le mégawattheure. Là on est monté à 220 euros certains jours de mars. “Il ne supporte pas ça”, témoigne l’agriculteur. Le président de Solarenn, Christophe Rousse, fait partie des 30 jardiniers de la coopérative basée à Saint-Armel, près de Rennes (Ille-et-Vilaine). Il est devenu un représentant de toute la profession, étranglée par l’inflation. « Certains producteurs ont décidé de ne planter que la moitié de leurs serres. “D’autres ont simplement jeté leurs plantes quand ils ont vu les prix augmenter.” Ceux qui avaient quand même décidé de planter ont drastiquement réduit le chauffage pour éviter la catastrophe financière. “C’est comme si le carburant à la pompe était à 15 euros le litre”, explique Bruno Vila, secrétaire général de Légumes de France et producteur près de Perpignan. Conséquence : l’habituelle tomate de printemps tant détestée en Bretagne s’est refroidie et laissée pour compte. Christophe Rousse est cultivateur offshore de tomates à Nouvoitou, près de Rennes. Il est également président de la coopérative Solarenn. – C. Allain / 20 minutes Alors que le hors-tomate représente 80 % de la production française, c’est toute une profession qui tremble. Va-t-il voir le prix du légume préféré des Français augmenter pour couvrir la hausse de l’essence ? C’est possible, mais pas certain. “Normalement, nous sommes payés en moyenne un euro par kilo. Si on voulait sortir de là, il faudrait passer au prix producteur à 2 euros. “Mais nous savons que ce ne sera pas possible car le pouvoir d’achat des consommateurs est sous pression.”
Le risque de surproduction cet été ?
Ce que sa coopérative espère, c’est que les distributeurs, et en particulier les supermarchés, absorbent une partie de l’inflation en réduisant leurs marges bénéficiaires. Ce n’est pas vraiment le style de la maison. D’autant qu’une forte augmentation des tomates françaises pousserait inévitablement certains consommateurs vers des concurrents moins chers, comme l’Espagne ou le Maroc. Une tomate sur deux consommée en France n’est pas française, ce que les producteurs désapprouvent. Avec cette année mouvementée, les maraîchers de plein air craignent surtout un effondrement des prix cet été, lorsque la production inondera les rayons des supermarchés et les étals des marchés. “Comme de nombreux viticulteurs décident de changer de plantation, il y a un risque d’engorgement”, constate Christophe Rousse. Un déséquilibre de l’offre et de la demande qui pourrait coûter cher aux producteurs.