Comment le GIGN a-t-il procédé avec le tueur ?
Dès 23 heures mardi, le centre opérationnel de la gendarmerie de l’Ain est avisé que « plusieurs membres d’une famille de Douvres ont probablement été tués par un individu âgé d’une vingtaine d’années, lui aussi membre de cette famille », comme l’explique le procureur de la République de Bourg-en-Bresse Christophe Rode. Lorsque les gendarmes se rendent dans la foulée sur les lieux, ils ont donc peu d’espoir de trouver trace de personnes en vie, le tueur présumé mis à part. Ils découvrent que le principal suspect se trouve encore dans le pavillon, et ce « sans doute muni d’armes ». Après s’être à son tour rendu sur place à 3 heures du matin, le parquet de Bourg-en-Bresse sollicite la venue du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) de Dijon, en plus de co-saisir le groupement de gendarmerie de l’Ain et la section de recherches de la gendarmerie de Lyon pour conduire les investigations. Plus de 100 gendarmes et enquêteurs se retrouvent donc mobilisés à Douvres, très tôt mercredi matin. Avant même le lever du jour, les gendarmes tentent d’entrer en contact avec le forcené. Mais celui-ci refuse de répondre aux appels téléphoniques de leur part, ainsi qu’aux contacts directs tentés par les négociateurs. Face à ce silence, les gendarmes du GIGN donnent l’assaut mercredi à 11h35. Christophe Rode révèle la suite. Ils constatent que le mis en cause déterminé s’est réfugié dans une pièce fermée du pavillon, le torse et les membres revêtus de protections, et armé d’un sabre et d’un fusil à canon long. Malgré plusieurs sommations adressées à cet individu de déposer les armes, et en dépit d’un pistolet à impulsions électriques, le forcené pointe ses armes et s’avance en direction des gendarmes, qui font alors usage à quatre reprises de leurs armes de dotation, occasionnant ainsi de graves blessures à l’individu. » Ce dernier n’a pas pu être réanimé par les services de secours et il est décédé de ses blessures à 11h55. Outre l’enquête pour homicides volontaires ouverte par le parquet et confiée à la gendarmerie, une autre enquête a été initiée pour les faits d’usage des armes par les gendarmes du GIGN. Elle a été confiée au service de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). Les gendarmes ont bloqué l’accès à la petite commune de Douvres (Ain), mercredi après-midi. Jean-Philippe KSIAZEK – AFP
Quel était le lien entre le meurtrier et les cinq victimes ?
Le parquet de Bourg-en-Bresse ne s’est pas étendu sur l’identité précise des cinq victimes, et on sait simplement que le tueur était donc « lui aussi membre de cette famille ». Selon Le Parisien, les victimes à l’arme blanche sont son père (51 ans), directeur d’une entreprise du bâtiment dans l’Ain, sa belle-mère (45 ans), et trois mineurs. A savoir sa sœur de 17 ans, la fille de sa belle-mère (15 ans), et son demi-frère de 5 ans. D’après France Info, la famille s’était installée très récemment à Douvres, où elle avait rénové une vieille bâtisse et où elle participait à la vie sociale, comme lors de la dernière fête de l’école du village.
Quel profil avait le tueur ?
Il s’agissait d’un jeune homme de 22 ans. Selon Le Parisien, il était revenu vivre dans cette maison familiale de Douvres quelques semaines plus tôt, après avoir trouvé un travail dans un fast-food d’Ambérieu-en-Bugey. L’une des principales interrogations mercredi concernait l’état psychiatrique du suspect. « Selon les premières informations recueillies par les enquêteurs, l’auteur des faits aurait souffert de troubles psychiatriques », indique à ce sujet le procureur de Bourg-en-Bresse, après l’avoir décrit comme « déterminé ». Au point d’avoir lui-même appelé les gendarmes de l’Ain mardi soir, pour leur annoncer qu’il avait tué sa famille à coups de katana, un long sabre japonais, comme le révèle Le Parisien. Mais aussi d’envoyer dans le même temps à sa mère, toujours selon Le Parisien, des photos et vidéos des cinq membres de la famille, au sol et en sang. Que ce soit au moment des tentatives de négociation initiées par les gendarmes, ou lors de l’assaut du GIGN, le comportement du jeune homme suggère qu’il était prêt à mourir mercredi.
Est-ce l’une des plus importantes tueries familiales en France depuis 20 ans ?
Avec ces cinq victimes dont trois mineurs, en plus du jeune tueur, le bilan du drame de Douvres est extrêmement lourd. Comment ne pas penser à l’affaire Dupont de Ligonnès au moment d’évoquer les drames familiaux aussi sanglants des 20 dernières années ? En avril 2011, Agnès Dupont de Ligonnès et ses quatre enfants avaient tous été tués par arme à feu dans leur sommeil, avant d’être découverts enterrés sous la terrasse de la maison familiale. 11 ans plus tard, le principal suspect, le père de famille Xavier Dupont de Ligonnès, est toujours introuvable. Plus récemment, en octobre 2020, une autre tuerie familiale a également fait cinq victimes, dont quatre enfants (de 18 mois, 5, 8 et 11 ans), à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). L’auteur présumé de ce quintuple meurtre à l’arme blanche, dans un pavillon de Noisy-le-Sec, est un père de famille d’origine sri-lankaise. En octobre 2017 dans l’Aisne, cinq membres de la famille De Bisschop, un couple d’exploitants agricoles, avaient également été retrouvés tués par arme à feu à leur domicile. Le père aurait tiré sur son épouse, ainsi que sur ses enfants de 12, 18 et 20 ans, avant de retourner l’arme contre lui, pour un mobile là encore mystérieux. On peut aussi citer la tuerie familiale de Pouzauges, qui avait secoué toute la Vendée en mai 2010. Un médecin de 34 ans, retrouvé pendu, est soupçonné d’avoir tué sa femme et leurs quatre enfants de 3, 5, 7 et 9 ans. En août 2009, c’est le jeune Andy (16 ans) qui tue ses parents et ses frères jumeaux (10 ans) avec le fusil de chasse de son père, dans la maison familiale d’Albitreccia (Corse-du-Sud). Il reconnaît les crimes sans fournir d’explication, et se retrouve déclaré irresponsable par la cour d’assises en 2012. La tuerie du 19-20 juillet 2022 à Douvres complète cette liste de sanglants faits divers familiaux.