Posté à 19h00
Marissa Groguhé La Presse
Solar Power, son dernier album, est le remède parfait contre le mauvais temps ou la mauvaise humeur. Il a présenté la plupart des chansons à l’occasion de cette tournée nord-américaine qui l’a mené dans notre pays. C’était super. Nous avons également pu nous replonger dans ses deux premières oeuvres, celles qui ont fait d’elle l’une des princesses de la pop. Si Solar Power s’éloigne des sonorités plus accessibles, la chanteuse note sa performance avec certains de ses anciens tubes pour créer un bel équilibre. Lorde est apparue sur scène dans un cercle de lumière, référence au soleil, qui ne laissait voir que sa silhouette à contre-jour. Il est ensuite apparu lorsqu’il a interprété Homemade Dynamite. Avec un soutien-gorge et une chemise ouverts et un pantalon noir uni, la musicienne a accueilli son public au Solar Power Tour. « J’aime venir à Montréal, dit-il. Il y a quelque chose de différent ici. Et vu l’énergie folle de la foule, on y croyait. Il y avait quelque chose dans l’air jeudi soir.
Occasions de pleurer et de danser
Buzzcut Season, de Pure Heroine (2013), lui a donné l’opportunité de gravir une échelle au milieu de la scène sur une plateforme tournante. Une façon intelligente de toujours garder les performances visuellement stimulantes. Un écran géant derrière la scène, des tribunes de chaque côté et cet escalier géant suffisaient à créer une ambiance tantôt électrifiée, tantôt sobre ou familière, selon les besoins. « Es-tu prêt à pleurer ? Le chanteur a demandé avant de commencer une interprétation émouvante du mélancolique Stoned at the Nail Salon, une nouvelle chanson de l’album Solar Power. Vocalement parfaite, imprégnant sa performance d’émotions fortes, Lorde a donné un spectacle incroyable. La mise en scène fluide et délicate mais aussi imposante a permis à l’artiste de se déplacer dans l’espace, tandis que ses musiciens se déplaçaient également au gré des chansons.
Grand retour
Après un premier changement de costume, elle était dans une longue robe violette qui chantait le merveilleux The Path. Ses chanteurs, tout au long de la nuit, ont permis de recréer cet empilement de voix qu’on appréciait tant dans Solar Power, qui fait vibrer une onde psychédélique. Lorde fait partie de ces artistes qui parfois ne donnent pas signe de vie pendant des années puis nous reviennent avec une nouvelle approche musicale, une vision artistique modifiée. Après presque cinq ans d’absence, la pop néo-zélandaise est devenue plus psychédélique, plus lumineuse aussi. Remonter 10 ans en arrière nous a permis de redécouvrir le rythme techno de Ribs. Si Lorde semble plutôt introvertie au quotidien, sur scène elle est majestueuse, énergique, en parfaite maîtrise de l’instant qu’elle offre. Il interagit avec son public, il fait de ce moment commun une société. L’artiste raconte également pendant le spectacle qu’il a dû travailler dur pour que les tournées et les concerts ne soient plus une source de stress constant, comme c’était le cas auparavant. Hard Feelings / Loveless puis Liability a été l’occasion d’un moment plus doux, durant lequel Lorde, assise sur son escalier, nous a ramenés à l’époque du Melodrama (2017). Après Secrets from a Girl et un nouveau changement de costume (la robe laisse place à un ensemble rose satiné), Mood Ring, Sober, Supercut (un bon moment pour danser et sauter sur place !), Perfect Places, Solar Power (une chanson pour “garder le soleil au chaud sur la peau”, Green Light (un autre morceau de promotion de la sortie), suivi d’Oceanic Feeling. Partout où elle puise dans son répertoire, Lorde y met tout son cœur. L’électricité circule entre elle et ses ventilateurs. Le moment est beau à voir et à vivre. Le rappel (évidemment) a rendu possible la sortie du fameux et conséquent Royals, celui qui a rendu Lorde célèbre il y a dix ans. Le spectacle s’est terminé par une note parfaite avec l’équipe. Lorde a quitté la scène seulement deux heures après son arrivée. L’énergie lumineuse (solaire !) de la nuit que nous avons passée avec elle était si agréable que même la pluie torrentielle sur le chemin du retour n’a pas pu empêcher la lumière de continuer à briller longtemps dans nos têtes. Mention spéciale ici à Remi Wolf et ses musiciens, qui ont fait une bonne prestation d’ouverture. Avec sa voix, l’artiste californien a également contribué à faire oublier le temps gris à l’extérieur. A surveiller de près.