Mis à jour hier à 17h33
                Louis-Samuel Perron La Presse             

Pour la première fois en 10 ans, les détails de ce rapport ont été rendus publics jeudi devant un tribunal de Montréal dans le cadre d’une poursuite civile contre la SQ et le Service de police de la Villa de Montréal (SPVM) par quatre survivants de l’attentat. Ces techniciens de plateau sont blessés depuis que Richard Henry Bain a tiré sur Denis Blanchet sous leurs yeux. Ils réclament 600 000 $ en raison du manque de sécurité. Les avocats des rescapés ont également eu “toutes les peines du monde” pour obtenir ce rapport de sept pages. ” [La SQ] nié l’existence de ce rapport ! On nous a dit que nous ne savons pas qui l’a signé. Il n’y a pas de signature ! “C’était extrêmement difficile à réaliser”, a déploré Me Virginie Lemire-Dufresne. Toutefois, l’avocat du procureur général du Québec s’est opposé de tout cœur à son témoignage de jeudi, arguant qu’il n’était pas «pertinent» et donc irrecevable. Jusqu’à ce que le juge se prononce, nous ne pouvons mentionner que les extraits qui ont été lus en cour.

Aucun témoin n’a été trouvé pour le rapport

Le policier choisi pour faire la lumière sur l’attentat, le capitaine Louis Bergeron, n’était autre que le chef de la sécurité des chefs lors de la campagne électorale de 2012. Il devait donc analyser le travail de son propre service. Comme on pouvait s’y attendre, ses conclusions font peu de critiques à l’égard de la SQ. Il y a un problème de « coordination » avec les partenaires extérieurs et une « voie » non « optimale » entre les unités de P.E. Après avoir reçu cet ordre de son patron Denis Rioux, Louis Bergeron n’a pas jugé opportun de rencontrer des témoins de l’attaque, car il avait tenu des “rencontres informelles” avec la police quatre mois plus tôt. Il n’a pas tenu compte de ces discussions et n’a rencontré aucun membre du SPVM. “Je ne faisais pas l’objet d’une enquête”, se défend-il. Il mentionne aussi vaguement des discussions avec des « collègues officiers » pour parvenir à ces conclusions. De plus, Louis Bergeron ne peut certifier qu’il a écrit chaque ligne du rapport. Je reconnais certains de mes mots, certaines de mes suggestions. Est-ce que tous mes mots sont exacts ? Je ne peux pas donner cette réponse. Louis Bergeron, ancien capitaine de la Sûreté du Québec Le rapport conclut que Richard Henry Bain avait un profil de « loup solitaire » et qu’il avait mené une « attaque politique » visant « la domination et le Parti québécois ». Devant le juge, le témoin invoque désormais un “attentat terroriste”. Rappelons que lors de son arrestation, l’agresseur a crié : « Les Anglais se réveillent ! » Le rapport cite six menaces contre Pauline Maroua le jour du scrutin. Mais Louis Bergeron affirme ne pas se souvenir de leur nature, si ce n’est que certains ont été lâchés lors de la divulgation partielle des résultats. Le témoin a aussi révélé que le plan A d’évacuation de Pauline Marois en cas de menaces était la porte de sortie du diocèse. Exactement là où l’agresseur a ouvert le feu. Louis Bergeron a également participé à l’élaboration du plan pour assurer la sécurité des dirigeants politiques lors de la campagne de 2012. Ce rapport, rédigé avant l’attentat, identifie six menaces : les étudiants, le Plan Nord, le gaz de schiste, l’industrie forestière, l’opposition à la privatisation de services publics et séparatistes radicaux. Mercredi, un responsable du SPVM a déclaré que le Parti libéral du Québec était en « danger » le soir des élections, et non le Parti québécois. “Si Pauline Marois a été élue, c’était festif, c’était heureux”, a-t-il témoigné.

Conclusions télégraphiques

Bien qu’il ne se soit pas spécialisé dans la protection des personnalités, Denis Rioux a été nommé à la tête du Bureau de la protection de la personne et des infrastructures de la SQ en janvier 2013. Ce groupe de travail assure la protection du premier ministre du Québec et des chefs de parti lors des élections. Dès son entrée en fonction, Denis Rioux est mandaté pour rédiger un rapport exécutif afin de tirer des recommandations des événements du diocèse. La directive est venue du directeur général adjoint Jocelyn Latulippe, maintenant membre de la Société de transport de Montréal. Mais les notes de Denis Rioux révèlent que le rapport était déjà dans l’esprit du personnel de la SQ. “Les termes de référence étaient comme des constatations télégraphiques. « Il semble que les conclusions du rapport aient déjà été quelque peu dictées », a déclaré le juge Philippe Bélanger. “Oui”, a répondu Denny Rio, qui a maintenant pris sa retraite de la SQ. Denis Rioux prétend qu’il ne s’agissait que d’une « courroie de transmission » pour ce rapport rédigé par son « homme de confiance », le capitaine Louis Bergeron. ” Je n’ai pas [remis en question] surtout le contenu du rapport », a reconnu Denis Rioux. Le procès se poursuit vendredi.

Le PQ exige la publication du rapport

Le chef parlementaire du Parti québécois, Joël Arseneau, demande que le rapport soit rendu public. Il a également exhorté la police à renouveler l’exercice “d’échec” qui aurait dû avoir lieu après l’agression de Pauline Maroua, alors que des élections se tiendront à l’automne dans un contexte social tout aussi tendu. “Je pense que nous devons le rendre public et il doit y avoir une très bonne raison, là où nous sommes, de ne pas le faire. Si nous observons ce que nous devinons, que ce [rapport] c’était bâclé, que c’était fait sournoisement et imparfaitement, et je suis poli, j’utilise des euphémismes, évidemment je vais devoir refaire l’exercice. “Cela me semble inévitable”, a-t-il déclaré jeudi à La Presse. “Aujourd’hui, il est extrêmement important de se pencher sur le dossier parce que nous avons une campagne électorale, que de nombreux partis se font concurrence et que la fracture politique et sociale à la sortie de la pandémie est probablement tout aussi importante. sinon plus, que de sortir de la source d’érable. “Je pense que nous devons le prendre au sérieux”, a-t-il ajouté. Le chef parlementaire du PQ a également souligné « à quel point cette action politique des blessés de l’incident nous est utile aujourd’hui en tant que société ». “Je pense qu’il est important de découvrir que ces failles évidentes dans la sécurité des politiciens de l’époque n’ont jamais été corrigées. “C’est inquiétant”, a-t-il dit. “C’est surréaliste de croire qu’une attaque contre le premier ministre d’un État moderne comme le Québec n’a pas été suivie d’une enquête plus sérieuse, rigoureuse et approfondie. me dépasse. Tout ce dossier n’est pas sérieux, ce qu’on apprend, mais [c’est] c’est aussi extrêmement grave de voir que la gestion s’est faite de façon aussi détendue, de façon aussi légère et superficielle », a conclu M. Arseneau. En collaboration avec Hugo Pilon-Larose, La Presse