Archives “Le Monde” du 6 avril 2012. LE MONDE   

Début avril 2012, Nicolas Sarkozy préparait le terrain pour le monde. C’est qu’il s’est rendu compte, comme le dit notre journaliste Arnaud Leparmentier, que “récupérer l’électorat populaire” est sa “seule chance d’être réélu”, face à un François Hollande très socialiste qui proposait pas moins de 75% d’impôt sur le revenu. supérieur à un million d’euros. Le président sortant a réagi, proposant “une taxation des impôts des exilés”. D’ailleurs, “lui qui déteste les référendums, propose du coup de consulter directement les Français”. Pour se rapprocher des électeurs, le chef de l’Etat entend aussi leur parler de voitures. Il joue avec l’idée de baisser le prix des permis de conduire et de réduire les délais d’obtention de ce “sésame ouvert à la vie professionnelle”, comme l’a décrit le ministre de l’Intérieur Claude Guéant. Autre idée sur la table, un chèque essence, assimilable à des chèques-repas, financé par les employeurs et l’Etat. Mais l’enjeu divise au sommet de l’État : des « politiciens propres », comme l’édile Patrick Buisson, veulent « des gestes spécifiques envers la population modérée et rurale », tandis que le « budget » refuse de « subventionner le pétrole », préférant poursuivre en amont, baisser les prix. “Le chèque essence est stupide en soi, mais il y a un prix à payer pour gagner l’élection”, a déclaré un proche brutal du chef de l’Etat. Trop bête ou trop cher payé, semble-t-il, pour Nicolas Sarkozy, qui finira par renoncer à cette pièce.