La famille d’Yvan Colonna, militant indépendantiste corse reconnu coupable du meurtre du préfet Erignac, a porté plainte ce mercredi contre l’Etat devant le tribunal de grande instance de Marseille pour l’agression meurtrière d’un codétenu le 2 mars à Marseille. (Bouches-du-Rhône). Lire aussi Yvan Colonna : nouvelle manifestation nationaliste dimanche en Corse Les parents, la femme, le frère, la soeur et les deux enfants d’Yvan Colonna “considèrent que l’administration pénitentiaire est légalement responsable de sa mort”, a déclaré à l’AFP Me Patrice Spinosi, l’un des avocats de la famille. “Les différents éléments de l’enquête rapportés par la presse et les auditions des députés n’ont fait qu’alimenter le soupçon que l’agression subie par Yvan Colonna était directement liée à une série de dysfonctionnements administratifs”, écrit l’avocat.
200 000 euros d’indemnisation
Rappelle que l’article 44 de la loi du 24 novembre 2009 dispose que « l’administration pénitentiaire doit assurer à tout détenu la protection effective de son intégrité physique dans tous les espaces collectifs et individuels ». “Ainsi, l’Etat est appelé à indemniser les héritiers d’un détenu décédé des suites de violences commises dans un pénitencier par un autre détenu”, a déclaré Me Spinosi, qui a indiqué à l’AFP qu’il réclamait 200.000 euros d’indemnisation pour Yvan Colonna et 100.000 euros pour chaque membre de sa famille. Lire aussi A Cargèse, des milliers de personnes aux obsèques d’Yvan Colonna “Un tribunal indépendant et impartial est désormais chargé de statuer sur le lien entre l’inaction de l’Etat et le décès d’Yvan Colonna”, a déclaré l’avocat, ajoutant que “le tribunal administratif devra trancher d’ici la fin de l’année”. Le militant nationaliste de 61 ans a été grièvement blessé le 2 mars par un détenu radicalisé, Franck Elong Abé, un Camerounais de 36 ans se faisant passer pour un “djihadiste” qui l’a agressé dans le gymnase de la prison Yvan Colonna à mains nues et puis étouffement” avec un sac plastique, a précisé le procureur de Tarascon Laurent Gumbau. Yvan Colonna, qui a été condamné trois fois à la prison à vie pour le meurtre du préfet Claude Erignac, a reçu plusieurs balles dans la tête en 1998 à Ajaccio, est décédé le 21 mars dans un hôpital de Marseille où il a été emmené et est resté dans le coma . . Selon diverses sources, l’auteur d’Yvan Colonna a justifié son acte par le fait que l’activiste corse avait insulté et “parlé du mal du Prophète”. Une version pourtant jugée “incroyable” par le directeur de la maison centrale d’Arles, Marc Ollier, qui a estimé, lors d’une audition devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, que le tueur “avait voulu payer quelqu’un” une connaissance “. . . Lire aussi Le profil bouleversant du tueur d’Yvan Colonna L’attaque a provoqué l’indignation dans toute la Corse, avec parfois des manifestations violentes. La colère a notamment été provoquée par la durée de l’agression d’Yvan Colonna, près de huit minutes, sous l’œil attentif d’une caméra de surveillance, sans l’intervention d’aucun surveillant. C’est l’agresseur lui-même qui a alerté les gardes, expliquant que Colonna « ne se sentait pas bien ». Le directeur de la maison centrale d’Arles et le directeur de l’administration pénitentiaire, Laurent Riddle, ont assuré lors de leur audition à l’Assemblée nationale qu’un seul agent “n’a pas pu voir” les 49 caméras du quartier concerné.