La Russie, dont l’armée a de nouveau bombardé Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, y tuant trois personnes, signera vendredi un accord avec l’Ukraine sur les exportations de céréales que la communauté internationale attend avec impatience face à la menace d’une famine mondiale. Le document qui permettra au blé ukrainien bloqué par la guerre de sortir de la mer Noire et de lever les obstacles au transport de céréales et d’engrais russes sera paraphé à Istanbul, a annoncé jeudi la Turquie, le jour où le gaz naturel russe en Europe a partiellement redémarré. Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, ainsi que des représentants des deux pays belligérants, assisteront à la cérémonie de signature qui se tiendra à 13h30 GMT au palais de Dolmabahce. “Nous nous félicitons de l’annonce de cet accord de principe, mais ce qui compte maintenant pour nous, c’est (…) de permettre aux céréales ukrainiennes d’accéder aux marchés mondiaux”, a commenté le diplomate américain. “La délégation ukrainienne ne soutiendra que des solutions qui garantissent la sécurité des régions du sud de l’Ukraine, une position forte des forces armées ukrainiennes en mer Noire et l’exportation en toute sécurité des produits agricoles ukrainiens”, a également réagi très prudemment le ministère français des Affaires étrangères. porte-parole Oleg Nikolenko. Les États-Unis ont salué l’accord, même si “nous n’aurions jamais dû être dans cette situation en premier lieu”, a déclaré le porte-parole du département d’État Ned Price, dénonçant “l’utilisation de la nourriture comme une arme” par Moscou.
– Danger à la centrale électrique de Zaporijia – Pendant ce temps, de nouveaux bombardements russes jeudi ont fait trois morts et 23 blessés, dont quatre grièvement, à Kharkiv, une ville du nord-est de l’Ukraine assiégée depuis des semaines, a déclaré le gouverneur régional Oleg Synegubov. Déjà la veille, trois personnes y avaient été tuées, dont un adolescent près d’un arrêt de bus. Récolte dans la région de Kharkiv, au nord-est de l’Ukraine, le 19 février 2022 (AFP / SERGEY BOBOK) A Kramatorsk, dans le Donbass (est), une école a été détruite, selon les autorités ukrainiennes, qui ont affirmé qu’elle servait à stocker de l’aide alimentaire. Une personne a été tuée et deux autres sont restées coincées sous les décombres. De son côté, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait déclaré la veille que les objectifs de Moscou ne se limitaient plus à l’est de l’Ukraine, mais concernaient également “d’autres territoires” et pourraient encore être élargis. Après l’attaque contre l’Ukraine le 24 février, les troupes russes ont rapidement atteint les portes de la capitale Kiev, sans parvenir à s’en emparer. Depuis fin mars, la Russie a déclaré vouloir se concentrer sur le Donbass, partiellement contrôlé par des séparatistes pro-russes depuis 2014. Un marché après un bombardement à Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, le 21 juillet 2022 (AFP / Igor TKACHEV) Des soldats russes ont avancé ces dernières semaines dans ce bassin minier, brisant notamment la double écluse de Severodonetsk et Lysychansk, deux villes de la région de Lougansk, ce qui leur a ouvert la voie pour tenter d’avancer vers les villes de Kramatorsk et Sloviansk. à l’ouest dans la région de Donetsk. Kyiv a également déclaré jeudi que les Russes stockaient des armes lourdes et des munitions “à proximité immédiate” d’installations sensibles sur le site de la centrale nucléaire de Zaporijia qu’elle détient depuis mars, la plus grande d’Europe, au milieu des inquiétudes concernant le risque d’explosion accidentelle et Feu. . Moscou, de son côté, a évoqué des frappes de drones ukrainiens lundi, “à quelques dizaines de mètres de structures vitales pour la sécurité de l’usine”, puis de nouveau mercredi. Human Rights Watch a accusé les soldats russes et ukrainiens de mettre « inutilement » en danger les civils en implantant des troupes dans des zones résidentielles telles qu’un sous-sol d’école et un dispensaire. Un proche s’agenouille devant le corps d’un adolescent tué par une attaque au missile russe à un arrêt de bus à Saltivka, près de Kharkiv, le 20 juillet 2022 (AFP / SERGEY BOBOK) La guerre en Ukraine doit cesser pour éviter “l’effondrement” d’un conflit “nucléaire”, a de son côté tranché le président biélorusse dans un entretien exclusif à l’Agence France-Presse, alors qu’il estime qu’il appartient à Kyiv et à l’Occident de se replier sur le Kremlin. Le principal allié de Moscou, Alexandre Loukachenko, a prêté le territoire de son pays à l’armée russe pour qu’elle puisse lancer son attaque contre l’Ukraine le 24 février. Environ 15 000 soldats russes ont été tués depuis le début de la guerre, ont également estimé les agences de renseignement américaines et britanniques. “C’est à peu près” le même niveau de pertes que les soldats soviétiques ont subi au cours de leur intervention de dix ans en Afghanistan, a noté Richard Moore, chef du service de renseignement extérieur britannique (MI6).
– Du gaz russe… avec parcimonie – Dans le dernier épisode de l’impasse énergétique russo-occidentale, la Russie a redémarré jeudi le gazoduc Nord Stream, qui relie directement les champs gaziers sibériens au nord de l’Allemagne, après un arrêt de dix jours pour travaux de maintenance, selon Moscou. Cependant, il ne fonctionne qu’à 40% de sa capacité, comme avant la maintenance, s’est plaint l’opérateur de réseau allemand Gascade. Des visiteurs regardent des véhicules militaires russes endommagés exposés au centre de la capitale ukrainienne Kiev le 20 juillet 2022 (AFP/MIGUEL MEDINA) L’Autriche et l’Italie ont également signalé une reprise des livraisons. “Rien n’empêchait techniquement Nord Stream de retrouver son plein fonctionnement après sa maintenance”, a déclaré le ministre allemand de l’Economie et du Climat, Robert Habeck, pour qui “la Russie est un facteur supplémentaire d’incertitude dans le système énergétique”. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine utilise le gaz comme “arme”, avait martelé la veille la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Les soupçons de “chantage” ont été balayés jeudi par le porte-parole présidentiel russe Dmitri Peskov, qui a déclaré que “ces restrictions (imposées par l’Occident, ndlr) empêchent la réparation des équipements, notamment des turbines des stations de compression”. Vue d’un centre commercial endommagé dans la ville de Kherson, Ukraine, le 20 juillet 2022 (AFP / STRINGER) L’Ukraine, dont l’économie s’est effondrée depuis le début de l’invasion russe, a annoncé le même jour une dévaluation de 25 % de sa monnaie nationale, la hryvnia, face au dollar. “Une telle mesure renforcera la compétitivité des producteurs ukrainiens” et “soutiendra la stabilité de l’économie en temps de guerre”, a déclaré la banque centrale dans un communiqué.