Tout commence le samedi 16 juillet. Sur les images postées sur le réseau social TikTok, les jeunes femmes, qui parlent français et anglais, apparaissent lourdement vêtues, maquillées et portant des chaussures à talons hauts. Ils se présentent devant le magasin situé sur la célèbre avenue Montaigne dans le 8ème arrondissement de Paris, mais se voient refuser l’accès par l’agent de sécurité, sous prétexte qu’ils ne portent pas d’uniformes “du soir”.

“C’est ma première expérience du racisme”

En revanche, on peut voir sur les mêmes images que les blancs pénètrent dans l’établissement sans difficulté et ne sont pas soumis à un contrôle strict de leur tenue vestimentaire. Lorsqu’une paire de noirs tout aussi bien habillés arrive, le garde leur refuse également l’entrée. “La seule raison qu’elle a pu trouver, c’est que le mec porte du Gucci pour faire du jogging”, écrit la jeune femme qui a partagé la vidéo sur TikTok. Ce dernier n’a pas répondu aux sollicitations du Monde. “Il y a vraiment…” soupire l’une des jeunes femmes que l’on entend dans la vidéo. Et permettez-moi d’ajouter que “c’est [s]première expérience du racisme”. Après la diffusion des images, qui ont largement circulé sur les réseaux sociaux, Manko a publié un communiqué, présentant “ses excuses”. “Après l’incident survenu samedi soir à Paris, Manko s’excuse. Manko adhère à une charte de valeurs qui prône l’égalité, le respect, la tolérance et la bienveillance pour tous. Les sanctions nécessaires ont été immédiatement et définitivement imposées”, a déclaré la direction sur les réseaux sociaux du magasin. Contacté jeudi par Le Monde, le porte-parole Manko explique que l’établissement, qui a eu connaissance de l’incident mardi soir sur les réseaux sociaux, « a aussitôt présenté [ses] excuses de ces trois jeunes femmes. “Nous sommes comme tout le monde choqués par ce qui s’est passé, c’est quelque chose qui ne devrait pas arriver. C’est contraire à nos valeurs”, assène Manko, qualifiant les événements d’”acte unique”. L’institution a également demandé le limogeage de l’agent de sécurité de l’entreprise chargée de la sécurité. Lire aussi A Paris, des coursiers protestent contre les discriminations dont ils sont victimes
Un homme, se présentant sur Instagram comme l’agent de sécurité fautif – au moment de la rédaction, le compte n’était plus accessible à tout le monde – a affirmé qu’il “respectait les souhaits du personnel du magasin”, affirmant qu’il “avait payé les pots cassés”. . Un homme qui jouait l’agent de sécurité abusif s’est exprimé sur Instagram le 20 juillet 2022. INSTAGRAM
Manko nie ces accusations. “Ce que nous demandons à un agent de sécurité, c’est de refuser l’entrée de notre magasin aux personnes ivres, droguées ou violentes. Nous n’avons jamais vu un agent de sécurité empêcher quelqu’un d’entrer parce qu’il est raciste. » Contactée par Le Monde, la société Alba, qui assure la sécurité du restaurant, affirme que l’agent en question “a fait un mauvais jugement” et qu’il ne sera plus chargé de la sécurité de Manko, mais qu’il n’a “en aucun cas perdu son travailler”.

Le Défenseur des droits saisi

En réponse à cette affaire, David Guiraud, député de La France insoumise du 8e arrondissement du Nord, a annoncé sur Twitter avoir écrit “une question au gouvernement sur les actes de filtrage raciste dans les espaces recevant du public”. Il a également prévenu le défenseur des droits, a-t-il indiqué sur le même réseau social. 🤔 Le Manko Paris devrait s’expliquer Après les vidéos récentes dénonçant le filtrage qui exclut les noirs de r… https://t.co/uvo2Rkghaa — GuiraudInd (@David Guiraud)
“Les détails de la réponse ont été envoyés à M. Guiraud”, assure Manko. L’establishment n’est pas le seul à avoir fait l’objet de telles accusations. En 2018, L’Avenue, une brasserie du complexe Costes située dans le 8e arrondissement de Paris et très prisée des stars, était accusée dans une enquête de BuzzFeed News de « mettre en place un véritable système de discrimination », excluant « les Arabes et les femmes voilées » . notamment en refusant les réservations avec des “noms d’origine arabe” ou “des touristes du Moyen-Orient (les pays visés sont le Qatar, les Emirats Arabes Unis, Bahreïn et l’Arabie Saoudite)”. A lire aussi : Article pour nos abonnés Les Français se disent moins racistes, mais les “vieux clichés” ont la vie dure
Clemens Apetogbor